EELV : Comment le parti des Verts est devenu une coquille presque vide

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Ce week-end, le vote pour décider de la succession de Julien Bayou chez les Verts a eu lieu. C’est Marine Tondelier qui l’a emporté, signe d’un ras-le-bol envers Jadot et Rousseau mais aussi d’une crise de l’engagement chez les écolos.

Yannick Jadot et Sandrine Rousseau ont été désavoués, voire humiliés

Ce week-end, les militants d’Europe Ecologie-Les-Verts (EELV) ont voté pour leur succession. Si on veut le résumer d’une phrase, les votants ont dit : ni Jadot, ni Rousseau. Chez les Verts, on ne commence pas par élire un patron mais par voter pour des motions. Et c’est la motion de Marine Tondelier, élue d’Hénin-Beaumont et ancienne collaboratrice de Cécile Duflot, qui est arrivée très largement en tête avec près de 47 %. La motion soutenue par Yannick Jadot n’a fait que 18 % et celle soutenue par Sandrine Rousseau, 13,5 % des voix. C’est intéressant parce que Jadot était le candidat des Verts à la présidentielle il y a huit mois et que Rousseau est l’invitée permanente de toutes les émissions de radio et de télé. A l’Assemblée et dans les médias, on n’entend qu’elle. Ce résultat humiliant à l’intérieur de son propre parti devrait faire réfléchir sur la représentativité réelle de celle qui vit par le buzz et pour le buzz. Les réseaux sociaux sont une chose ; les réseaux militants en sont une autre.

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EELV n’est pas reconnu comme indispensable à la transition écologique

Ce vote nous confirme qu’Europe-Ecologie-les-Verts, ça n’est plus grand-chose. Certes, tous les partis traversent une crise de l’engagement. Les Républicains, qui votent ce week-end pour élire leur président, ont fondu. Mais ils sont encore plus de 90.000. Renaissance, censé être le grand parti présidentiel, compte quelques dizaines de milliers de sympathisants. Mais les Verts n’ont qu’11.000 adhérents. Et encore, moins de la moitié à voté ce week-end. Même dans le cas de la primaire ouverte, il y a un an, ils étaient plus de 120.000 à avoir départagé Yannick Jadot et Sandrine Rousseau. Le parti écologiste est donc une coquille presque vide, ce qui est étrange pour un courant qui prétend s’identifier à la grande cause nationale et même mondiale. EELV n’est pas du tout reconnu comme étant l’outil politique indispensable à la transition écologique. Et cela se traduit dans une partie de cette sensibilité par des formes d’expression et d’action radicales, parfois violentes, souvent inquiétantes.

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Il faut attendre les alliances qui seront conclues entre les différentes motions à l’issue du congrès. Mais Marine Tondelier est davantage sur une ligne d’autonomie des Verts. Ça ne veut pas dire qu’EELV va quitter la Nupes. Néanmoins, le parti écolo va résister à la stratégie mélenchoniste d’absorption progressive de toute la gauche. Une ligne Rousseau aurait été plus compatible avec LFI. Mais là, on peut imaginer que la future patronne des Verts va plaider pour une liste propre aux Européennes, plutôt que pour une liste unique de toute la gauche. Plus que jamais, à gauche, l’union sera un combat.

Guillaume Tabard

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