Le gouvernement a reporté la présentation de sa réforme des retraites à janvier. La droite, via Olivier Marleix, a dévoilé sa position : elle est pour le moins surprenante.
Olivier Marleix brandit la menace de la mention de censure à l’Assemblée
« Si le gouvernement s’obstine à brandir le chiffon rouge de la retraite à 65 ans, nous n’excluons pas de déposer une motion de censure » Cette phrase, qu’on attribuerait d’ordinaire à Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen, a été lancée par Olivier Marleix, le président du groupe LR à l’Assemblée nationale. Le patron de la droite parlementaire est à deux doigts de dénoncer la casse sociale d’un méchant pouvoir libéral. Si le chef de l’Etat finit par présenter sa réforme et se décide à proposer un âge de départ à 65 ans, les députés LR vont-ils voter avec LFI à l’Assemblée ? Vont-ils défiler dans la rue avec la CGT ? On est devant un retournement assez difficile à comprendre. François Fillon en 2017, Valérie Pécresse en 2022, mais aussi Michel Barnier ou Xavier Bertrand plaidaient pour la retraite à 65 ans. Dans la dernière campagne à LR, autant Bruno Retailleau qu’Eric Ciotti assuraient qu’ils voteraient la réforme si celle-ci était conforme à cette exigence. Jusqu’à présent, LR mettait Emmanuel Macron au défi d’avoir le courage de prendre le problème des retraites à bras le corps. Et là, au moment où le chef de l’Etat s’apprête enfin à passer à l’acte, la droite met le pied sur le frein. Comme dirait Paul Eluard : comprenne qui voudra.
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LR défend une ligne d’opposition à Macron pour contrecarrer le RN
Ce revirement s’explique de deux manières. D’abord pour une question de fond : les Républicains sont divisés. Aurélien Pradié, qui a recueilli 22 % des voix pour la présidence du parti, est contre tout report de l’âge de départ. Pour éviter l’éclatement d’un parti déjà considérablement rétréci, il faut en tenir compte. L’autre raison est tactique : LR veut défendre une ligne d’opposition à Emmanuel Macron pour ne pas en laisser le monopole au RN. Donc ils ne veulent pas donner le point au chef de l’Etat. Mais au nom de cette opposition, ils en sont à brouiller leur propre identité idéologique. Pour eux, c’est périlleux.
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La preuve que tout le monde marche à contre-sens sur ce sujet, est que les stratèges présidentiels se réjouissent d’avoir provoqué cette épreuve de vérité. Si les annonces de l’exécutif ont été repoussées du 15 décembre au 10 janvier, c’est précisément, disent-ils, pour placer les oppositions au pied du mur. Et un conseiller de Macron me disait hier : « vous voyez, on ne parle plus de notre report à nous, mais de leur division à eux ». Fort bien, mais à l’arrivée, pour échapper à l’article 49-3, il n’y aura pas 36 solutions. Il faudra obtenir toutes les voix de LR, donc plutôt chercher un accord avec eux que se réjouir de leurs désaccords entre eux.
Guillaume Tabard