Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, représente la France lors des funérailles de l’ancien pape Benoît XVI, décédé ce 31 décembre à l’âge de 95 ans. Quel était le lien entre l’ex souverain pontife et la France ?
L’Italie et L’Allemagne étaient invités officiellement par le Vatican
Si c’est le ministre de l’Intérieur, et non pas le président qui représente la France, c’est que Benoît XVI était pape émérite, il n’était plus le Pape en fonction. Le Saint-Siège a souhaité que ces funérailles soient certes solennelles mais ne soient pas officielles en quelque sorte. Donc seuls deux États en tant que tels étaient invités : l’Italie et l’Allemagne. Pour les autres pays, tous les dirigeants sont bienvenus mais à titre privé. Il n’y avait n’aucune obligation protocolaire. C’est pour ça qu’Emmanuel Macron n’a pas souhaité venir. Certains présidents de la République sont pourtant place Saint Pierre ce matin : les présidents polonais, portugais, hongrois…
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Pour la France, c’est donc Gérald Darmanin, ce qui est logique puisque le ministre de l’Interieur est en charge des cultes, d’ailleurs il en est à sa septième venue à Rome. Ça avait été son tout premier déplacement à l’étranger de ministre de l’Intérieur, en juillet 2020. Et l’année dernière il avait par exemple représenté la France à la canonisation de Charles de Foucauld puis lorsque l’archevêque de Marseille, Mgr Aveline, avait été créé cardinal. Emmanuel Macron ne connaissait pas Benoît XVI, il ne l’avait jamais rencontré. Il faut dire que celui-ci a renoncé à sa charge en 2013 quatre ans avant l’élection d’Emmanuel Macron. Ce qui n’a pas empêché le chef de l’Etat de rédiger un communiqué très inspiré sur la personnalité et la pensée du Pape émérite. En soulignant notamment comment il avait « assumé avec courage sa mission de contradiction prophétique ».
Benoît XVI était francophone et francophile
Le Pape de Macron, c’est évidemment François. Le chef de l’Etat a déjà été voir trois fois le Pape actuel à Rome. La dernière fois c’était en octobre. Ils se comprennent et affichent, jusqu’à surjouer une forme de complicité. Le Pape qui a connu Benoît XVI, c’est Nicolas Sarkozy. C’est lui qui l’avait accueilli en 2008 lors de sa visite à Paris et à Lourdes. Sarkozy a toujours été très admiratif du Pape allemand. Et lui aussi, au lendemain de sa mort, a salué « son abnégation infinie » face aux crises traversées par l’Eglise. L’ancien chef de l’Etat aurait pu être choisi pour représenter la France ce matin place Saint Pierre, ça a été une hypothèse. Mais c’est à Paris que cela aurait suscité des commentaires politiques que Macron a préféré s’épargner.
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Il y avait en tous cas un lien particulier entre Benoît XVI et la France. Il était francophone et francophile, très proche de grands théologiens comme Henri de Lubac ou Louis Bouyer. En 1992, alors cardinal il avait été admis à l’Académie des sciences morales et politiques. Et le discours qu’il a prononcé à Paris, au collège des Bernardins, sur les fondements de la culture chrétienne, est un des grands textes de son pontificat. Le collège des Bernardins, c’est là que dix ans plus tard, Emmanuel Macron a, à son tour, prononcé un discours très engagé invitant les catholiques à peser dans le débat public. Finalement, c’est ce lieu qui fait le lien entre l’ancien Pape défunt et l’actuel président français.
Guillaume Tabard