Emmanuel Macron : La réforme de retraites, le véritable coup d’envoi de son second mandat

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Dans Le Figaro ce matin, Jérôme Fourquet a une image très juste en comparant les neuf mois qui viennent de s’écouler depuis la réélection d’Emmanuel Macron à la « drôle de guerre », cette période entre la déclaration de guerre à l’Allemagne, le 1er septembre 1939, et l’entrée des chars allemands sur le sol français, le 10 mai 1940.On était officiellement en guerre, mais il ne se passait rien.

François Bayrou : « pour que la réforme soit acceptée, il faut se donner un peu de temps ; puis, il faut faire plus de pédagogie »

Depuis la réélection d’Emmanuel Macron, il ne s’est rien passé sur la mise en œuvre du projet présidentiel. Certes, il a fallu réagir aux crises ; crise énergétique, crise du pouvoir d’achat, etc… Mais les projets eux-mêmes, on les annonçait – l’école, l’hôpital, l’immigration, et donc les retraites, mais ils ne se concrétisaient pas. Sur les retraites, même le calendrier des annonces a été reporté. Cette fois, enfin, on passe aux actes. Sur les retraites, du temps a été pris, effectivement, mais pour permettre de poursuivre les concertations. Il ne faut pas se faire d’illusion. La réforme des retraites, quels que soient ses contours, quel que soit son calendrier, quelle que soit sa procédure d’adoption, elle va mettre du monde dans la rue – et les manifestations seront fournies ; elle va provoquer des grèves dans les transports publics – et elles seront suivies ; et elle va susciter une coalition des oppositions syndicales et politiques.

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La réforme des retraites passera par une épreuve de force

Souvenez-vous à l’automne, François Bayrou disait : pour que la réforme soit acceptée, il faut se donner un peu de temps ; puis, il faut faire plus de pédagogie. L’exécutif s’est dit ensuite : en mettant en avant ce qui est gratifiant – la revalorisation des minimas, les dispositifs pour les carrières longues ou la pénibilité ; en un mot, en communiquant sur ce qu’il y a de « sucré » dans la réforme, on va mieux faire passer ce qu’il y a de « salé », à savoir le report de l’âge de départ à 64 ou 65 ans. Et il y en a maintenant qui disent : pour éviter un hiver social rude, il ne faut surtout pas utiliser le 49.3. Disons-le franchement, croire tout cela est une illusion. Aussi nécessaire soit-elle, la réforme des retraites passera par un moment de vérité, par une épreuve de force. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas la faire ! Cela veut juste dire que le gouvernement doit s’y préparer. Une réforme peut-elle aboutir si elle est rejetée par l’opinion ? Non répondent les oppositions, qui vont en faire leur premier argument. Mais avouez qu’il serait curieux de considérer qu’une réforme n’est légitime qu’à la condition d’être populaire. Emmanuel Macron est arrivé en tête au premier tour et a gagné au second en ne masquant pas ce projet de la retraite à 65 ans. Il serait paradoxal qu’il reçoive des leçons de légitimité politique de la part de celui qui a été éliminé dès le premier tour, Jean-Luc Mélenchon, ou de celle qui a été battue au second, Marine Le Pen.

Guillaume Tabard

 

 

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