Crise énergétique : L’Allemagne doit arrêter de jouer « perso », s’agace Louis Gallois

Michael Sohn/AP/SIPA

Louis Gallois, co-président de La Fabrique de l’Industrie, était l’invité de Guillaume Durand sur Radio Classique. Alors que l’heure est à la solidarité européenne, l’Allemagne continue de refuser toutes les propositions des Français en matière de politique énergétique, s’agace-t-il.

EDF remet petit à petit toutes ses centrales en service, se satisfait Louis Gallois

A l’approche de l’hiver, les tensions annoncées sur le réseau électrique continuent d’inquiéter la population et les industriels. Louis Gallois pointe qu’heureusement, EDF « a fait un énorme travail » pour réparer les centrales nucléaires qui avaient des microfissures. Celles-ci reviennent peu à peu en service : 40 centrales sur 56 fonctionnent aujourd’hui. « L’électricité devient un peu plus abondante », commente l’ancien président de la SNCF et ex-directeur d’Airbus, qui estime que « ça ne rattrapera pas le fait qu’on n’a pas eu de politique énergétique depuis 20 ans ». S’il est important de développer les énergies renouvelables selon lui, le nucléaire demeure « irremplaçable pour constituer la base de notre production d’électricité », poursuit-il, rappelant que la France a perdu son statut d’exportatrice d’électricité [au premier semestre 2022, elle a importé 2,5 TWh].

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Interrogé sur la visite d’Emmanuel Macron aux Etats-Unis il y a 10 jours, Louis Gallois ne voit pas comment le président aurait pu « convaincre Joe Biden de renoncer à ce qui fait l’avantage de l’économie américaine : une énergie abondante ». Face à l’Inflation Reduction Act, qui arrose de 400 milliards de dollars l’industrie américaine, « l’industrie européenne est à l’heure de la vérité », affirme l’industriel. « Soit on s’y colle, soit nous serons le champs clos de la bataille entre la Chine et les États-Unis ». Des projets européens commencent déjà à s’évaporer pour aller outre-Atlantique : le suédois Northvolt, qui projetait de fabriquer une usine de batterie en Allemagne, essaye maintenant de l’implanter aux Etats-Unis en raison des prix de l’énergie [4 à 5 fois moins chers qu’en Europe], explique Louis Gallois.

 

Tensions entre la France et l’Allemagne : « J’espère qu’il ne s’agit pas d’un divorce total », lance Louis Gallois

Par ailleurs, il dénonce la posture de l’Allemagne, qui jouerait « perso » et refuserait « à peu près tout ce que proposent les Français ». Opposition à une réforme du marché de l’électricité, refus du plafonnement de l’achat du prix du gaz, négociation gazière menée en solitaire au Qatar… « Tout cela pose question », s’indigne Louis Gallois. Surtout, le refus du nucléaire reste très vivace outre-Rhin. Les Allemands ne veulent pas considérer comme vert l’hydrogène produit à partir de centrales nucléaires. « J’espère qu’il ne s’agit pas d’un divorce total », s’inquiète-t-il.

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Pour résoudre la situation, Louis Gallois compte sur un dialogue européen et franco-allemand « extrêmement clair et ferme ». Selon lui, Berlin profite de sa position d’etat-membre « le plus puissant », en grâce avec les institutions européennes. A défaut d’unité, l’industriel appelle à « créer un rapport de force » avec l’aide d’autres pays européens. Au sujet du prix de l’électricité, la France et l’Espagne se rejoignent, remarque-t-il. Même chose pour le nucléaire avec la Suède, les Pays-Bas « ou les pays d’Europe centrale ».

Clément Kasser

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