Energie : L’entreprise française Lhyfe va produire de l’hydrogène à partir d’éoliennes en mer, une première mondiale

Laurie-Anne Toulemont

L’hydrogène est la nouvelle énergie verte en vogue en France. Dans cette filière, l’entreprise vendéenne Lhyfe s’illustre avec sa plateforme offshore de production d’hydrogène à partir d’éoliennes, une première mondiale.

La plateforme de Lhyfe, autonome en énergie, sera envoyée au large du Croisic en début 2023

La plateforme Lhyfe a été inaugurée vendredi dernier à Saint-Nazaire, près des Chantiers de l’Atlantique. « Il s’agit d’une barge de 15 mètres de large et 20 mètres de long, à six mètres au-dessus du sol. Elle est équipée d’un électrolyseur qui permet de faire de l’oxygène », décrit Antoine Hamon, directeur des opérations de Lhyfe. « En ajoutant de l’électricité dans l’eau, on arrive à casser la molécule d’H20. Cela produit de l’électricité, l’hydrogène est ensuite reconverti à l’oxygène de l’air et l’eau est recrachée dans votre véhicule », explique-t-il. Pour l’instant testée à quai, la version pilote de la plateforme sera envoyée en début d’année prochaine au large du Croisic, à 20 kilomètres des côtes. L’objectif est de la connecter à une éolienne en mer. Ramener l’électricité de l’éolienne sur terre et l’intégrer au réseau existant « coûte très cher », remarque Antoine Hamon. Mais en convertissant directement l’électricité en hydrogène auprès de l’éolienne, « Lhyfe ramène l’hydrogène plus facilement et à moindre prix sur terre ».

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Encore faut-il que tout cela résiste à la vie en mer : il faut faire avec des vagues de 15 mètres, la houle, les courants, le froid et la rouille. La plateforme, conçue par GEPS Techno, fait plus de 300 tonnes. Celle-ci est autonome en énergie selon le procédé suivant : « il y a des compartiments remplis à moitié d’eau. Avec le mouvement de la plateforme, on arriver à stabiliser celle-ci et à produire de l’énergie », détaille Jean-Luc Longeroche, président de GEPS Techno. Il faut donc des vagues pour créer de l’électricité et faire fonctionner l’électrolyseur, mais c’est une technologie sensible. Il faut ainsi limiter les mouvements brusques de la plateforme, ce qui est opposé à l’objectif de production d’énergie. « Il a fallu trouver un compromis », regrette Jean-Luc Longeroche. « On a limité à 15 degrés l’amplitude du mouvement, ce qui est déjà beaucoup ».

Les éoliennes en mer peuvent remplacer à elles seules le gaz russe selon Antoine Hamon de Lhyfe

Il est aussi impossible d’aller trop souvent à bord pour les équipes de Lhyfe, rappelle Antoine Hamon. « Aller du jour au lendemain sur la plateforme pour ouvrir ou fermer une vanne n’est pas envisageable, alors on le fait depuis la terre par un pilotage à distance ». Avec les récentes annonces du gouvernement sur l’hydrogène et l’éolien en mer, Lhyfe compte bien tirer son épingle du jeu. Implanter des éoliennes sur 4% de notre zone maritime européenne permettrait de remplacer l’ensemble du gaz naturel russe selon Antoine Hamon : « ça fait une pierre deux coups : c’est bénéfique pour atteindre la neutralité carbone et la souveraineté énergétique ». En produisant de l’hydrogène, Lhyfe crée aussi de l’oxygène. L’entreprise veut essayer de le réinjecter dans les fonds marins : de quoi rebooster l’écosystème marin en manque d’oxygénation à cause du réchauffement climatique.

Laurie-Anne Toulemont

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