Coupe du monde au Qatar : Les aberrations écologiques d’un évènement très critiqué

CHINE NOUVELLE/SIPA

C’est le rendez-vous footballistique le plus attendu mais les scandales s’enchaînent. La Coupe du monde au Qatar, qui démarre ce dimanche 20 novembre, est sous le feu des critiques à cause de son bilan écologique jugé désastreux.

La Coupe du monde émettra 3,6 millions de tonnes de CO2, un chiffre sous-évalué d’au moins 5 fois

Selon le quotidien britannique The Guardian, 6500 travailleurs migrants seraient morts au Qatar depuis la nomination de l’émirat en 2010 comme pays hôte. Parmi ces décès, il y a des ouvriers qui ont travaillé dans la fournaise du climat qatari sur les 8 stades, les autoroutes, les hôtels et le métro spécialement construits pour la compétition. Cette Coupe du monde a aussi un coût écologique : 3,6 millions de tonnes de CO2 d’après les prévisions de la FIFA. Ce chiffre serait sous-évalué « de 5 fois, voire plus » selon Gilles Dufrasne de l’ONG belge Carbon Market Watch. « Les stades ne seront utilisés qu‘un mois mais ils auront une durée de vie de 60 ans. Les organisateurs estiment donc que la Coupe du monde ne sera responsable que d’une petite portion des émissions ».

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La FIFA se défend avec l’exemple d’un stade construit avec des conteneurs par conscience écologique. Après la compétition, il sera démantelé pour être offert à un pays africain, promet le Qatar. Mais les autres stades risquent de finir vides et donc d’être détruits. « Les stades construits ont une capacité de 40.000 à 50.000 visiteurs, mais la moyenne d’affluence du championnat professionnel qatari est de 4.000 », analyse le spécialiste de la logistique durable Gilles Paché. Deux autres aberrations écologiques sont pointées du doigt : des tonnes de graines de gazon ont été importées par centaines des Etats-Unis et des stades à ciel ouvert sont climatisés. « Même en déplaçant la compétition en décembre, il était impossible de garantir des conditions idéales de jeu en dessous de 20 à 25 degrés », constate Gilles Paché.

Le Qatar promet de planter des millions d’arbres et d’investir dans le marché des crédits carbones

Le plus gros poste d’émissions de gaz à effet de serre demeure les trajets en avion pour le million de supporters attendus au Qatar. Contrairement aux précédentes compétitions en Russie ou au Brésil, tous les matchs auront lieu dans une seule ville – Doha, la capitale – mais il est impossible d’y héberger tout le monde. 168 vols quotidiens sont prévus pour les supporters des pays du Golfe. « Les pays voisins ont même facilité l’accès aux visas des détenteurs de billets », renchérit Gilles Dufrasne. Vaille que vaille, la FIFA met en avant une Coupe du monde neutre en carbone. De son côté, le Qatar promet de planter des millions d’arbres et compte aussi investir dans le marché des crédits carbones. Chaque crédit est censé représenter une tonne de CO2 qui a été « réduite » par quelqu’un d’autre. « Il y aurait besoin de 3,6 millions de crédits pour cette Coupe du monde, or les organisateurs n’en ont pour l’instant que 180.000, qui plus est de basse qualité », soupire Gilles Dufrasne. Face aux polémiques, la FIFA assure que le critère environnemental sera renforcé pour la sélection du pays hôte de l’édition de 2030.

Laurie-Anne Toulemont

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