Polémique du char à voile : Ces clubs de football et de rugby qui ont fait leur mue écologique

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La réponse ironique de Christophe Galtier, l’entraîneur du Paris Saint-Germain interrogé sur les déplacements en jet privé du PSG, a déclenché une vive polémique. Les clubs ne pourront effectivement pas échapper à la transition écologique. Déplacements en train, matchs décalés en journée, zéro déchet, des initiatives sont déjà prises pour verdir les activités sportives.

80% du bilan carbone d’une activité sportive est liée au transport

Christophe Galtier s’est excusé hier soir pour sa mauvaise blague. « Nous sommes conscients des enjeux climatiques », a-t-il affirmé. Sa réponse ironique à propos du char à voile, illustration de la déconnexion de certains acteurs du sport, rappelle pourtant que les clubs ne pourront pas échapper à la transition écologique. Les déplacements sont effectivement un enjeu majeur dans la réduction de l’empreinte carbone du sport. « 80% du bilan carbone d’une activité sportive est liée au transport. Dans ce bilan-là, le déplacement des équipes représente 15 à 20% », explique Antoine Miche, fondateur et président de Football Ecologie France. Le PSG comme beaucoup d’autres clubs pourrait selon lui faire beaucoup plus de déplacements en train. Certaines équipes de football le font d’ailleurs déjà, remarque Antoine Miche : « l’Ajax Amsterdam, les Anglais de Liverpool qui sont allés à Fulham à 350 km, mais aussi Rennes ou Bordeaux, dont les joueurs sont venus la semaine dernière à Paris pour la Ligue 2 ».

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Il y a néanmoins certaines contraintes : la durée du voyage, la sécurité autour des joueurs, le retour de nuit quand les matchs se jouent à 21 heures et que les lignes ferroviaires sont fermées. Rien d’insurmontable a priori, mais c’est parfois complexe : « si le train doit partir à 23h30 et qu’il y a un contrôle dopage qui retarde quelques joueurs, ce n’est plus possible », témoigne Julien Pierre, ancien rugbyman professionnel et fondateur de l’association Fair Play for Planet. « Et si le club voyage en train sur deux jours, la fatigue des joueurs n’est plus la même ».

La bonne volonté des clubs compte mais l’organisation des compétitions pose aussi question

Au-delà de la question des déplacements des équipes, Antoine Miche et Julien Pierre assurent que la transition écologique est un enjeu pris au sérieux par de plus en plus de clubs de sport. Ils travaillent avec l’Olympique Lyonnais, le Racing Club de Strasbourg, Le Havre ou La Rochelle en rugby pour la mise en place de feuilles de routes globales. « Il y a des accords sur des panneaux solaires, les transports en commun gratuits les soirs de match, le zéro déchet ou une offre d’alimentation végétarienne dans les stades », énumère Antoine Miche. Le section Paloise de rugby réserve également des places proches du stade pour ceux qui viennent à plus de 3 dans une voiture. La bonne volonté des clubs compte mais l’organisation des compétitions de sport pose aussi question. Par exemple, décaler les matchs en soirée dans l’après-midi économiserait de l’éclairage et faciliterait le retour des équipes. En football, le Trophée des Champions, qui confronte le vainqueur du Championnat de France au vainqueur de la Coupe de France a eu lieu ces deux dernières années à Tel Aviv, en Israël. En 2019, c’était en Chine. C’est le même problème dans le rugby, opine Julien Pierre : « des équipes sud-africaines intègrent la coupe d’Europe, je ne comprends vraiment pas pourquoi. Ce temps-là est fini, il y a une organisation à revoir ». Une attention particulière sera portée aux JO 2024 à Paris, notamment sur les déplacements. Les jeux seront compacts pour faciliter les déplacements en transports en commun des spectateurs et une flotte électrique est prévue pour les athlètes.

Baptiste Gaborit

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