Luc Rémont, le nouveau patron d’EDF, est nommé aujourd’hui en Conseil des ministres. Il occupe un poste qui est déjà compliqué à gérer quand tout va bien, alors quand tout va mal…
Luc Rémont, arrivé de Schneider Electric va devoir apprendre, mais vite
On peut dire que tout va mal ou presque chez EDF. Le groupe français fait face à une catastrophe industrielle sur le front du nucléaire. A court terme, il y a trop de centrales qui ne marchent pas (une sur deux en ce moment) et à long terme, les nouveaux réacteurs nous coûtent trop cher et on met bien trop de temps à les construire. L’EPR qui doit ouvrir fin 2023 aura 10 ans de retard. Tout n’est pas la faute d’EDF : les politiques ont aussi manqué d’une vision à long terme, mais on a un problème majeur, et la priorité de Luc Rémont sera de régler ce problème.
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Dans une entreprise, il ne suffit jamais de changer la tête pour que tous les problèmes soient réglés. Le nouveau PDG d’EDF ne va pas, comme par miracle, faire redémarrer la moitié de nos réacteurs à l’arrêt et il ne va pas suffire d’un claquement de doigt pour réussir à construire deux fois plus vite pour deux fois moins cher des EPR. Si c’était si simple, l’équipe actuelle l’aurait déjà fait. Ce patron qui vient de chez Schneider va également avoir besoin d’un peu de temps car il débarque dans une entreprise gigantesque avec de nombreux métiers différents, un actionnariat public compliqué, des autorités de régulation et des syndicats. Il va devoir apprendre mais vite.
Luc Rémont aura besoin d’un soutien clair de l’Etat actionnaire
La priorité pour redresser la barre est de constituer une nouvelle équipe, car l’échec d’aujourd’hui est quand même en grande partie l’échec de ceux qui pilotent actuellement. Comme il va devoir s’inscrire sur le long terme, il faut qu’il trouve l’équilibre entre des jeunes qui seront là pour des années mais suffisamment expérimentés pour ne pas commettre trop d’erreurs. Même si l’expertise nucléaire est en grande partie chez EDF, il va aussi avoir besoin d’importer du sang neuf venu de l’extérieur. Il a eu plus d’un mois pour se préparer et rencontrer des talents. Ensuite, il va avoir besoin d’un soutien clair de l’Etat actionnaire. Et comme l’Etat c’est à la fois Bercy, le Premier ministre et le ministre de l’Energie, c’est souvent compliqué. J’espère qu’il aura une ligne directe avec Emmanuel Macron pour ne pas perdre trop de temps avec un actionnaire qui, depuis des années, a prouvé qu’il n’était pas un bon actionnaire. Diriger EDF, c’est aider la France à passer l’hiver qui vient… mais aussi ceux des décennies à venir.
David Barroux