Le nouveau patron d’EDF vient d’être choisi, il s’appelle Luc Rémont. Il aura d’énormes défis à relever, et va devoir gérer des urgences à très court terme et à moyen terme. Le premier challenge sera de s’assurer que la France passe l’hiver sur le front électrique, et ça n’est pas gagné.
La France pourrait manquer d’électricité début 2023
Une cinquantaine de centrales tournent en hiver quand nos besoins sont très importants, lorsqu’on se chauffe beaucoup à l’électrique et qu’on allume davantage la lumière parce que la journée est courte. Or cette année on le sait, la moitié du parc est à l’arrêt à cause de problèmes d’entretien et le redémarrage ne va être que très progressif. Pour l’instant on a des réserves de gaz pour faire face si le début de l’hiver est très froid et que le nucléaire tourne au ralenti. On pourra compenser ainsi en faisant tourner les turbines à gaz. Mais si l’hiver froid dure, si on épuise nos réserves de gaz et que la Russie ne nous en livre plus, et que trop de centrales sont à l’arrêt, la France risque de manquer d’électricité début 2023. Ce n’est pas facile de démarrer ainsi un mandat de président.
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A plus long terme, EDF devra améliorer la gestion du parc de centrales existant et il faut relancer la construction de nouveaux réacteurs. L’histoire nous l’a montré, c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Tenir les délais et les coûts, on n’a jamais réussi à le faire. C’est difficile mais c’est stratégique. L’avenir d’EDF mais aussi en partie celui de la France en dépend, car on ne peut pas compter que sur les renouvelables et sur le gaz. On va avoir besoin de plus d’électricité dans les années qui viennent et il faut qu’EDF, qui est déjà endetté à hauteur de 60 milliards d’euros, arrive à relever ce défi atomique.
A 53 ans, le défi de Luc Rémont sera aussi managérial
Luc Rémont est-il l’homme de la situation ? Il est passé par les ministères de Bercy. Il a fait de la banque d’affaires et travaillé chez Schneider, une très belle entreprise française dans l’équipement électrique. Mais il n’a jamais dirigé un grand groupe. A 53 ans, son défi sera aussi managérial. Il va devoir motiver des troupes démotivées. Il va devoir constituer une équipe de choc qui, même si elle fait tout bien, ne verra pas ses efforts payer avant une dizaine d’années. Il va devoir négocier avec la Commission européenne. Et apprendre à travailler avec un gouvernement et un Etat français qui contrôlera bientôt 100% d’EDF. Ca va redevenir une sorte d’administration qui doit gérer du long terme avec des politiques qui voient souvent que le court terme. Cela s’annonce compliqué.
David Barroux