Nucléaire : Nouveau retard et surcoût pour l’EPR de Flamanville

Alexis MORIN/SIPA

Mauvaise nouvelle pour le nucléaire français. Le chantier de l’EPR de Flamanville va subir un nouveau retard. Il ne démarrera qu’à la fin de l’année prochaine au plus tôt, soit avec onze ans de retard. Avec à la clé, un nouveau dérapage de son budget de près de 13 milliards d’euros. De quoi donner du grain à moudre aux anti-nucléaire.

L’Union européenne s’apprête à considérer l’atome comme une énergie verte

Il faut dire que cette annonce pouvait difficilement tomber mieux pour les anti-nucléaire, en pleine campagne présidentielle. Ils ont même pu faire d’une pierre deux coups. C’est-à-dire dénoncer l’envolée des coûts du nucléaire et en même temps, mettre en doute le programme de construction de nouveaux réacteurs récemment dévoilés par Emmanuel Macron pour faire face à la transition énergétique. C’est de bonne guerre, en fait. Mais la seule question qu’il faut se poser c’est de savoir si ce nouveau délai change la donne pour l’avenir du nucléaire français. Et la réponse est non. C’est tout de même un nouveau revers pour l’atome, alors qu’une quinzaine de réacteurs sont actuellement à l’arrêt pour cause de maintenance. Mais c’est surtout une nouvelle démonstration de la perte de compétence de notre filière nucléaire. Cela fait près de trente ans que nous n’avions pas construit de centrale dans l’hexagone.

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Il faut donc considérer l’EPR de Flamanville comme un prototype forcément coûteux et s’assurer qu’EDF tire les leçons des difficultés qu’il rencontre sur ce chantier. C’est d’autant plus important qu’il n’existe pas de plan B pour le mix énergétique français. Sans relance du nucléaire, nous ne serons pas capables de faire face aux besoins de notre économie en énergie décarbonée dans les prochaines décennies. L’éolien et le solaire ne seront pas en mesure d’y répondre seuls. C’est précisément pour cette raison que l’Union européenne s’apprête à considérer l’atome comme une énergie verte. Et si un doute devait subsister sur l’intérêt du nucléaire pour nous, il suffirait de regarder ce que nous coûte actuellement la flambée des prix du gaz. Au dernier pointage, la facture du bouclier tarifaire mis en place à l’automne pour protéger les consommateurs s’élève déjà à 14 milliards soit plus que le coût d’un EPR en quelques mois. Et le compteur continue à tourner.

François Vidal

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