La renationalisation d’EDF, un retour en arrière pour un avenir plus serein ?

MEIGNEUX/SIPA

L’Etat va redevenir le seul et unique propriétaire d’EDF. Cette renationalisation ressemble à un échec pour l’Etat qui avait tenté de libéraliser le marché de l’électricité française mais pourrait à long terme permettre à la France de mieux contrôler la filière du nucléaire essentielle dans un contexte de crise de l’énergie. 

L’Etat va débourser 10 milliards pour redevenir le seul maître aux commandes du groupe

L’Etat français a décidé de renationaliser à 100% EDF. Il faut tout d’abord savoir qu’EDF c’est un peu l’histoire d’une privatisation ratée. Même si le groupe a été introduit en Bourse en 2005, l’ex-monopole public n’a jamais été véritablement privatisé. Le capital a été ouvert mais l’Etat-actionnaire est resté très majoritaire. Alors que ce n’est plus le cas dans de nombreuses banques, chez Renault ou chez Orange. Dans ces anciennes entreprises publiques, l’Etat n’est plus qu’un actionnaire parmi d’autres même s’il reste un actionnaire important. L’autre échec est évidemment financier. EDF a été introduit en Bourse il y a 17 ans à 32 euros l’action et aujourd’hui l’Etat propose de racheter les 16% du capital détenus par des actionnaires privés à 12 euros l’action. Même s’il y a eu des années avec du dividende, cela ne correspond pas à un super rendement. Finalement, l’Etat tire donc les leçons de cet échec boursier et va débourser 10 milliards pour redevenir le seul maître aux commandes du groupe.

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Ce rachat à 100% va donc logiquement entraîner quelques changements. EDF va redevenir une forme d’administration, une filiale du ministère de l’Energie. Cela reste une entreprise mais il n’y aura plus d’actionnaires minoritaires. Ainsi, l’Etat pourra prendre plus facilement des décisions. Comme EDF va en quelque sorte être la France, cela va aussi simplifier un peu le financement de ses investissements. Le groupe pourra s’endetter peut-être plus facilement avec la garantie d’un Etat qui n’était jusque-là que partielle. EDF n’aura plus à verser de dividendes ou à se soucier de ses résultats à court terme pour plaire à la Bourse. Cela doit en théorie redonner au groupe une capacité à s’inscrire dans une stratégie à long terme.

 

La renationalisation d’EDF est une première étape pour la relance de notre filière nucléaire

Pourtant, il n’est pas sûr que cela change réellement la donne. Renationaliser EDF va simplifier les choses mais cela ne réglera pas tous les problèmes. Ce n’est pas parce que l’Etat va contrôler 100% du capital que le groupe va construire plus vite des EPR ou réparer plus vite la moitié de nos centrales qui sont aujourd’hui à l’arrêt ou en entretien. Il faudra quand même trouver 50 à 60 milliards d’euros de plus pour construire de nouveaux réacteurs. Il va donc falloir tout négocier avec Bruxelles qui est pour la libéralisation du marché de l’électricité. En fait, nationaliser EDF c’est une première étape mais la relance de notre filière nucléaire va prendre encore du temps et nous coûter beaucoup d’argent. Mais à l’heure où l’on risque d’être privé de gaz russe, on se rend bien compte que nous n’avons pas vraiment le choix.

David Barroux 

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