Grève SNCF : Après le soulagement pour le Nouvel An, attention aux prochains mouvements

PATRICK LEVEQUE/SIPA

Le trafic SNCF sera normal pour le week-end du Jour de l’An. Les contrôleurs ont levé leur mot d’ordre de grève. C’est une bonne nouvelle après le scénario-catastrophe de la Noël. Mais on aurait tort de trop se réjouir de cette situation.

Cette grève à la SNCF est un séisme appelé à avoir de nombreuses répliques

La grève qui a ruiné les fêtes de fin d’année de plusieurs centaines de milliers de Français n’est pas une simple mobilisation de plus dans une entreprise spécialiste de ce genre de blocage. Non, ce mouvement marquera un tournant historique dans les conflits sociaux en France. Dans le secteur public en tout cas, c’est un séisme appelé à avoir de nombreuses répliques. C’est historique, parce que cette grève a échappé à tous les circuits habituels. Née d’une page Facebook réunissant jusqu’à 50% des contrôleurs de la SNCF, elle a prospéré sans l’appui des organisations syndicales. Et si certaines ont apporté au mouvement un soutien logistique dans la dernière ligne droite, elles n’ont jamais pu reprendre la main. Ce qui en dit long sur la perte d’influence de SUD-Rail, de la CGT et de la CFDT dans une maison où elles faisaient la pluie et le beau temps depuis des décennies. C’est aussi un révélateur de la forte dégradation du dialogue social au sein de l’entreprise. Il faudra s’en souvenir pour y remédier.

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En faisant de grosses concessions, la direction de la SNCF prend le risque de favoriser de nouvelles grèves

Cette mobilisation s’est avérée payante en tout cas, puisque la direction a dû lâcher beaucoup de lest pour obtenir la levée du mot d’ordre de grève pour le Nouvel an. Et c’est bien pour cela que ce genre de mouvement risque de faire des émules. Au final, les contrôleurs ont obtenu de l’argent, des embauches, des engagements sur leur évolution de carrière et même la création d’une direction pour les chapeauter. Bien plus que ce qu’ils auraient pu espérer dans le cadre d’une grève classique où leurs revendications auraient été noyés dans la masse. En faisant de telles concessions, la direction de la SNCF a donc pris le risque de favoriser de nombreux mouvements catégoriels ou pour dire les choses plus simplement, corporatistes, du même type. Au sein de l’entreprise et ailleurs. En clair, ce que TotalEnergies avait évité à l’automne en résistant à la pression des salariés de ses raffineries, la SNCF le rend aujourd’hui possible. Ce n’est un bonne nouvelle pour personne. Et cela justifie que le gouvernement réforme rapidement la loi sur le service minimum dans les transports pour éviter que quelques centaines d’individus puissent pour leur profit personnel prendre en otage des centaines de milliers de Français.

François Vidal

 

 

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