La gauche radicale n’en finit pas de se faire dépasser par sa base. Adrien Quatennens est vivement contesté depuis sa condamnation pour violences conjugales. Plus d’un millier de militants de La France Insoumise ont signé une tribune dans Le Monde réclamant qu’il démissionne de son mandat de député.
Adrien Quatennens est devenu persona non grata pour une partie des militants LFI
Le retour annoncé d’Adrien Quatennens début janvier à l’Assemblée nationale – avant de pouvoir retrouver le groupe Insoumis au printemps – suscite de très vifs débats internes. Depuis qu’il a été condamné à de la prison avec sursis pour avoir giflé sa future ex-épouse en marge d’une dispute, le mélenchoniste est certes protégé par certains de ses amis, mais il est aussi devenu persona non grata pour une partie de ses camarades. Lesquels s’en sont pris à lui dans une tribune parue dans Le Monde daté de ce matin. Le texte, signé par plus de mille militants issus de LFI ou de la Nupes, demande clairement la démission de son mandat de parlementaire. « Un homme qui a commis des violences physiques sexistes ne peut rester député d’un mouvement affirmant être féministe », peut-on notamment y lire. Une affirmation sans appel, donc, et surtout sans nuance, comme Adrien Quatennens en a lui-même longtemps raffolé, tant qu’il s’agissait des autres.
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Ce mouvement ne concerne pas que La France Insoumise. Les écologistes ne sont pas en reste de ce point de vue-là. Deux épisodes sont récemment venus illustrer ce renversement qui est à l’œuvre. Le plus récent étant le bras de fer qui a opposé EELV à Relève Féministe. Pour la faire courte, l’association a dégradé la façade du siège du parti avec des collages sauvages. Or le parti, qui est locataire, a dû déposer une main courante pour faire jouer son assurance, avant de quasiment s’excuser d’avoir déposé ladite main courante contre un camarade de lutte. Bref, heureusement que le ridicule ne tue pas. Sans quoi, d’ailleurs, Yannick Jadot aurait lui-même été bien embêté lorsqu’il s’est fait rabrouer à Sainte-Soline par une manifestante qu’il avait cru bon d’appeler « Mademoiselle ». Un qualificatif devenu injurieux aux yeux – et aux oreilles – de nos révolutionnaires des temps modernes.
La gauche constate le décalage entre la radicalité de ses discours d’hier et la réalité de ses actions aujourd’hui
Pour l’instant, les politiques ne répondent pas à ce mouvement. Le PS s’est laissé aspirer par la Nupes et a totalement disparu du paysage. Et la gauche, d’habitude si forte en voix, se contente désormais de constater avec impuissance le décalage abyssal entre la radicalité de ses discours d’hier – lorsqu’elle se pensait condamnée à rester protestataire ; et la réalité de ses actions aujourd’hui – lorsqu’il lui arrive d’être de retour aux responsabilités. Une fuite en avant qu’elle-même ne parvient plus à endiguer, et qui la rend à la fois coupable et complice d’une certaine forme d’échec de la démocratie représentative. Celle où les partis sont censés être les réceptacles des colères populaires, et où les élus sont censés en être les traducteurs au sein des institutions, plutôt que les victimes de dangereuses créatures qui leur auraient échappé.
Arthur Berdah