La Première ministre Elisabeth Borne reçoit ce mardi 3 janvier les syndicats et le patronat pour une dernière rencontre sur la réforme des retraites. Un rendez-vous que la presse considère comme une consultation pour la forme.
François Mitterrand a passé l’âge de départ à la retraite de 65 à 60 ans en 1982
« Retraites, une ultime consultation à Matignon », titre le quotidien économique Les Echos. Dans son édito, Cécile Cornudet évoque une chorégraphie sociale, un théâtre d’ombre où chacun joue son rôle parce c’est écrit dans le scénario. Le Huffington post affirme en une que « Borne reçoit les syndicats, mais pour quoi faire ? ». Il reste des points précis à discuter, certes, mais pas de quoi dissiper le spectre de la mobilisation sociale. Dans Le Parisien-Aujourd’hui en France, on décrypte : « Borne joue la carte de l’écoute et de la négociation, c’est son moment de vérité. Certes elle n’échappera pas à un mouvement social puisque aucun syndicat n’est d’accord pour le départ à 64 ou 65 ans, mais le gouvernement veut l’accord de la CFDT au moins sur les carrières longues ou la pénibilité. Histoire de séparer front politique et front syndical » et de démontrer qu’il est, comme c’est écrit dans Le Figaro, « capable de réformer jusqu’au bout »…
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Pour Alexis Brézet du Figaro ce n’est pas gagné. Dans son traditionnel éditorial de la nouvelle année, le directeur des rédactions décrit une France où tout se détraque, se délabre et se déglingue. Et cela ne date pas d’hier. La débâcle de la SNCF cet hiver rappelle l’après-guerre et la main mise des communistes et de la CGT sur la société publique. La dégringolade de l’éducation nationale se joue dans la foulée de mai 68 quand une poignée de syndicalistes imposent leur loi à une droite déjà prête à courber l’échine. En ce qui concerne la réforme des retraites, le naufrage est programmé depuis 1982 quand François Mitterrand passe l’âge de départ de 65 à 60 ans. 40 ans après, nous n’avons toujours pas remonté la pente. Dans Libération, Luc Le Vaillant met en question la vieille opposition sur le sujet des retraites entre la droite et la gauche. D’un côté les bosseurs, les durs au mal, ceux qui se relèvent les manches, les maîtres chanteurs du « si tu fous rien t’auras plus rien ». Face à eux, la gauche tentera de défendre les acquis sociaux qui lui tenaient au corps et vertébraient son squelette.
Les Français ne veulent plus perdre leur vie à la gagner
Pour le chroniqueur de Libération, ces vieilles postures ne permettent pas de voir arriver la modification anthropologique du rapport au travail. Essayons, dit-il, « de piger pourquoi le contrat salarial fatigue son monde et comment le télétravail vide les rangs des open-spaces et voit se distendre les liens de subordination. Regardons comment se bricolent des existences qui ne veulent plus perdre leur vie à la gagner, qui ont la panique climatique. La tétanie de l’activité, l’allergie à la croissance, la RATP qui ne trouve plus de chauffeurs, l’éducation nationale qui n’attire plus de pédagogues, la restauration qui ne recrute plus, la médecine en souffrance, tout cela augure mal de la solidarité entre les générations et de la réparation des richesses ». Quand vous aurez terminé l’édito de Luc Le Vaillant qui n’est pas le plus gauchiste des journalistes de Libération vous vous direz ceci : pourquoi le gouvernement a-t-il choisi de faire des retraites la mère des batailles et le symbole de son réformisme quand les espoirs et les attentes des Français sont ailleurs ? Mystère.
David Abiker