La question revient avec insistance : faut-il craindre un « mur de faillites » d’entreprises ? Pas pour l’instant, répond la Banque de France, qui parle plutôt d’un « mouvement de normalisation », chiffres à l’appui, puisqu’elle vient de publier les données pour l’année 2022.
Bercy doit à parler à nouveau de guichets d’aides, et de report de cotisations
On constate l’an dernier une nette remontée des défaillances, avec 41.000 entreprises concernées l’an dernier, soit une hausse de 48%. Mais les années 2020 et 2021 avaient été très atypiques, en raison du « quoi qu’il en coûte ». Activité partielle, soutiens en trésorerie : les défaillances étaient tombées à un plus bas historique. En revanche, si l’on compare à 2019, dernière année « normale », on reste aujourd’hui à un niveau 20% inférieur. Et ce constat demeure valable quels que soient les secteurs et les tailles d’entreprises. De quoi conforter Bruno Le Maire qui martèle qu’il n’y a pas de « mur de faillites » en vue, en dépit de l’envolée des prix de l’énergie.
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Mais il y a néanmoins des raisons de s’inquiéter et le ministre de l’Economie est aux premières loges, lui qui a reçu les restaurateurs, après avoir tenté de rassurer les boulangers mardi. Les situations sont très hétérogènes, selon les contrats que ces TPE ont signés avec leurs fournisseurs de gaz et d’électricité, mais cela oblige Bercy à parler à nouveau de guichets d’aides, et de report de cotisations. Près de la moitié des entreprises industrielles se disent également très exposées, selon l’Insee, avec un doublement attendu de leur facture d’électricité cette année. Et les situations de trésorerie se tendent, alors que les entreprises doivent rembourser leurs prêts garantis par l’Etat. Iront-elles au tapis pour autant ? La différence se fera entre celles qui pourront continuer d’augmenter leurs prix, pour compenser les coûts, et celles qui ne le pourront pas. Bref, la « normalisation » devrait continuer, et il y aura de la casse. Mais ce n’est pas une raison pour refaire du quoi qu’il en coûte, la France n’en a de toute façon plus les moyens.
Etienne Lefebvre