En ce début d’année 2023, l’Inde intéresse de plus en plus les multinationales. C’est surtout dû à un cocktail de bonnes nouvelles ou de tendances porteuses, même si politiquement, cette démocratie peut faire hésiter les grands groupes.
Certains groupes misent sur l’Inde pour réduire leur dépendance à la Chine
L’Inde est en croissance économique : en 2022, le PIB a progressé de 7%, ce qui est une bonne chose dans le contexte actuel. Et si, en 2023, on parle de récession dans de nombreux pays, ce n’est pas le cas pour l’Inde. Il y a ensuite la démographie. Cette année, l’Inde devrait devenir – devant la Chine – le pays le plus peuplé de la planète avec plus de 1,4 milliard d’habitants. Quand vous additionnez croissance économique et démographique sur de telles masses, vous avez un marché avec une croissance du pouvoir d’achat de la classe moyenne qui semble très prometteuse. Donc cela donne de l’appétit. Mais l’Inde est souvent considérée comme un pays compliqué.
A lire aussi
Une démocratie est moins facile à faire avancer, moins rectiligne, qu’un pays avec un parti unique comme en Chine. C’est vrai que l’Inde est en retard sur son infrastructure énergétique ou de transports. C’est vrai qu’il y a des problèmes de corruption. Mais c’est aussi un pays de droit, dans lequel l’élite parle anglais. Il est relativement ouvert avec certains secteurs très protégés, mais il y a une vraie possibilité d’investir en choisissant ses partenaires. Et puis surtout, il y a un potentiel de croissance justement parce que le pays a du retard et si l’Inde attire particulièrement aujourd’hui c’est aussi parce que des entreprises cherchent à réduire leur dépendance à la Chine. Trop dépendre pour sa production, ses fournisseurs ou ses clients, d’un pays qui peut se fermer ou se couper du monde c’est un risque et les multinationales ne peuvent pas avoir tous leurs œufs dans le même panier.
Le marché automobile a progressé de 23% en 2022 et pourrait doubler d’ici 2024
L’Inde intéresse tout le monde. Apple cherche à y produire plus d’iPhone. Dassault veut y vendre plus de Rafales. EDF veut exporter son savoir-faire dans le nucléaire. Airbus va continuer de vendre des avions aux compagnies low-cost indiennes. C’est aussi un très bon relais de croissance pour des Français comme Schneider ou Saint-Gobain. Dans la grande consommation, c’est un marché potentiellement gigantesque pour les cosmétiques de L’Oréal, les spiritueux de Pernod Ricard, le luxe de LVMH. L’automobile est un bon exemple. L’Inde est un pays 20 fois plus peuplé que la France, mais on y vend à peine plus de deux fois plus de voitures. Le marché a progressé de 23% l’an dernier et pourrait doubler d’ici 2024. Pour les constructeurs français qui sont passés à côté du marché chinois, il ne faut pas se rater en Inde qui peut devenir à la fois une base de production très compétitive mais aussi un vrai débouché.
David Barroux