Inflation : L’euro chute face au dollar, les conséquences sur le pouvoir d’achat des Français

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La valeur de l’euro est en train de chuter face au dollar américain. Dans un contexte inflationniste fort, c’est une mauvaise nouvelle de plus pour les consommateurs car la chute de la monnaie européenne pourrait amplifier la baisse du pouvoir d’achat des Français.

Si l’euro est faible, l’inflation va encore s’accélérer

Ces derniers jours l’euro s’effrite, peu à peu. On est presque à un dollar pour un euro. Cela nous ramène 20 ans en arrière. En effet, si vous avez prévu de partir en vacances aux Etats-Unis, cet été, ce n’est peut-être pas le bon moment. Le seul avantage est qu’on n’a plus besoin de convertir les prix. Les ribs que vous commanderiez dans une steakhouse ou un diner, affichés à 20 dollars sur le menu, vous coûteront 20 euros. Si c’est plus facile, cela reste une mauvaise affaire. Quand l’euro est faible, on a moins de pouvoir d’achat sur tout ce qui est en dollar. Souvenez-vous il y a quelques années de ce phénomène où des voyageurs rapportaient à leurs amis des iPhones (et autres objets technologiques ou tout simplement onéreux).

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Le premier iPhone est arrivé sur le marché en 2007. Un an plus tard, l’euro s’échangeait contre 1,68 dollar. Si vous achetiez votre iPhone à New York ou San Francisco, pour son prix de l’époque, 399 dollars, ça ne vous coûtait que 237 euros. Vous économisiez alors 40%, puisqu’à Paris il était vendu 399 euros. Pour revenir à 2022, la conséquence d’un euro faible est que cela va encore accélérer l’inflation. En effet, elle est alimentée en grande partie par la hausse des prix de l’énergie. Il faut rappeler que l’inflation a été de 5,8% en juin sur un an en France.

La BCE trop hésitante par rapport à la Fed

Pourtant, si à l’intérieur de ce chiffre on ne prend que l’énergie, cela représente une hausse de 33% des prix. Malgré les boucliers tarifaires et les remises à la pompe, ce chiffre est considérable. Le problème risque donc de s’amplifier puisque la moitié des matières premières que nous importons, et singulièrement le pétrole, nous les payons en dollars. Il nous faut donc de plus en plus d’euros pour acheter le même baril de Brent à 100 dollars. Sur le papier, Il y a tout de même une conséquence positive. Nos entreprises exportatrices sont désormais plus compétitives, en particulier si elles vendent à des clients américains. C’est comme si elles avaient, miraculeusement et sans douleur, pu faire des efforts sur leurs prix.

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Les raisons de cette baisse de l’euro face au dollar sont donc multiples. D’abord, il y a un vrai effet refuge. Le dollar, comme l’or, est une valeur refuge. Toute la planète économique fait confiance au dollar plus qu’à toute monnaie. En période de turbulences, on sait qu’avoir des réserves de devises en dollar, c’est quasi sans risque. Ensuite, il y a la politique monétaire. D’un côté de l’Atlantique, la Réserve fédérale a actionné, il y a plusieurs mois, la hausse de ses taux d’intérêt de façon très vigoureuse, avec jusqu’à 0,75 point de plus d’un coup. De notre côté de l’Atlantique, la BCE a été plus hésitante, dans son discours et dans son action, avec des hausses qui ne commencent que maintenant et qui sont plus faibles. L’euro a donc notamment subi la timidité européenne face à la vigueur américaine en matière de politique monétaire.

François Geffrier

Ecoutez François Geffrier (à partir de 6’30) : 

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