Un tiers de l’économie mondiale entrera en récession dans les prochains mois, dont la moitié de l’Union européenne, selon le FMI. Après une année 2022 difficile, 2023 s’annonce encore plus compliquée.
La récession a été provoquée par les banques centrales
Ce n’est ni une surprise, ni le scénario du pire. Ce coup de froid sur l’économie mondiale, c’est précisément ce que les banques centrales cherchent à provoquer depuis des mois. En remontant les taux d’intérêt à marche forcée, elles espèrent ralentir la demande des entreprises et des ménages afin de tordre le cou à l’inflation. La méthode peut paraître brutale, voire simpliste. Il n’en existe pas d’autres pour maîtriser les prix et surtout elle a fait ses preuves, notamment ans les années 70 et 80 . Le problème, c’est que le monde a changé depuis. Les 30 Glorieuses sont très loin et les crises qui se sont succédé ces dernières années ont usé le crédit des Etats et la résistance des populations. Le seuil de tolérance des uns et des autres à une nouvelle période de vaches maigres est donc trop bas.
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Si l’énergie reste chère, l’inflation restera élevée
Si l’on en croit la plupart des économistes, cette récession devrait être de courte durée. Selon le FMI, les Etats-Unis devraient même y échapper. Mais la vérité, c’est que personne n’en sait rien. De la même manière que la flambée inflationniste a surpris tout le monde par sa virulence, il n’y a pas aujourd’hui de garantie que les prix s’assagiront rapidement. En Europe, en particulier, quel que soit le niveau des taux, si l’énergie reste chère – ce qui est loin d’être une hypothèse d’école -, l’inflation restera élevée. On pourrait donc de se retrouver dès cette année dans une situation dans laquelle la Banque centrale européenne serrerait encore la vis des taux alors que l’économie serait à l’arrêt. De quoi provoquer une vague de mécontentement social et inciter les Etats à augmenter encore leurs efforts budgétaires pour amortir le choc. Ce qui reviendrait en gros à appuyer en même temps sur le frein des taux et l’accélérateur du déficit. La preuve que le bulletin d’alerte du FMI n’est pas le scénario du pire.
François Vidal