2022 restera pour le champagne une année record. Pour la première fois, le chiffre d’affaires des maisons de champagne va dépasser les 6 milliards d’euros. On était à peine à 4 milliards en 2020 et autour de 5 milliards en 2019.
Les producteurs de champagne ont augmenté leurs prix en moyenne de 8%
Certes, en termes de nombres de bouteilles mises sur le marché, le champagne n’a pas dépassé les 338 millions de 2008, mais il a quand même atteint 330 millions en 2022. C’est presque 20% de plus qu’en 2019, avant la crise du Covid, 5% de plus qu’en 2021. La progression a surtout été notable en valeur. L’effet volume a été tiré par deux choses. En 2020 et 2021, les bars, restaurants et discothèques ont préféré déstocker. Par prudence, ils ont moins commandé. Et les consommateurs n’avaient sans doute pas trop envie de célébrer ou d’organiser des mariages. En 2022, malgré la crise économique qui menace mais qui ne s’est pas encore matérialisée, malgré la guerre en Ukraine, un peu partout dans le monde on a eu davantage envie de faire la fête et donc de boire du champagne. La demande était forte et les producteurs ont pu augmenter leurs prix en moyenne de 8%. Dans un contexte général d’inflation, cette hausse des prix a été bien digérée ; surtout que dans certains pays, le prix au détail n’a pas beaucoup augmenté parce que le dollar s’est renforcé par rapport à l’euro et le marché export a été très dynamique.
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La région Champagne s’est organisée pour défendre ses intérêts
L’export, justement, représente désormais presque 60% de la demande et il reste un incroyable vivier de croissance hors de nos frontières. Les Français consomment encore deux ou trois fois plus de bouteille par an que les principaux clients étrangers. On peut faire boire plus souvent (et avec modération bien sûr !) les Anglais, les Américains ou les Japonais. L’autre raison c’est que la Champagne s’est organisée pour défendre ses intérêts. L’évolution de la production est gardée sous contrôle, l’image est collectivement bien défendue, ce qui permet de maintenir un positionnement bien plus haut de gamme que les mousseux espagnols, italiens ou sud-africains. Enfin, il y a des grandes maisons prestigieuses – comme le numéro un mondial Moët et Chandon – qui font qu’on a des marques fortes qui permettent, mieux que dans les vins rouges ou blancs, de faire du marketing de façon efficace. Et puis dernier élément d’optimisme, après les gelées et les maladies de 2021, on a eu des conditions idéales en 2022. La récolte sera très bonne qualité, ce qui va permettre de proposer du champagne millésimé. Il sera encore meilleur… et encore un peu plus cher.
David Barroux