A la surprise générale, le gouvernement a annoncé ce mardi 3 janvier qu’il renonçait à une partie de la réforme de l’assurance-chômage. Comment interpréter cette volte-face à quelques jours du coup d’envoi de la réforme des retraites ?
Le taux de chômage est aujourd’hui à 7,3% de la population active
C’est une sage décision, parce que le volet auquel l’exécutif renonce était un chiffon rouge pour les organisations syndicales : il s’agissait de la possibilité de réduire de 40 % la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi lorsque le taux de chômage passe sous la barre des 6 % de la population active. Alors, nous en sommes loin. Aujourd’hui ce taux s’établit à 7,3%. Et avec le ralentissement de l’activité économique qui s’annonce, il n’est pas près d’aller plus bas. Mais en pleine veillée d’armes sur les retraites, cet ajout de dernière minute au projet de décret sur la réforme de l’assurance-chômage, fût-il justifié, pouvait apparaître comme une provocation. Son retrait ressemble donc à un signe de bonne volonté de la part d’un exécutif prêt à amender sa copie.
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Mais il peut être aussi interprété comme une reculade… C’est comme cela que les syndicats et les oppositions ont voulu le voir, et c’est évidemment de bonne guerre. Mais sans aller jusque-là, on peut tout de même s’interroger sur deux choses. D’abord, sur le manque de clairvoyance du gouvernement qui a créé seul les conditions de ce cafouillage, faute d’avoir fait preuve d’un minimum de sens du timing à quelques jours du coup d’envoi de la principale réforme du quinquennat. Dans les prochaines semaines, ce genre d’erreur de pilotage sera interdite. L’autre question porte sur la capacité de l’exécutif à tenir son cap dans la bataille des retraites qui va s’ouvrir. Car il se dégage de cette séquence une forme de fébrilité qui n’augure rien de bon. Un bien mauvais signal, alors que de leur côté les syndicats eux restent inflexibles.
François Vidal