Si la plupart des fruits et légumes ont souffert de l’été caniculaire, ce n’est pas le cas de la pomme, dont la récolte n’a pas été perturbée par la sécheresse. Cependant, la hausse des coûts liée à la crise de l’énergie effraie particulièrement les producteurs.
La récolte de cette année s’annonce bonne, avec 1,4 million de tonnes de pommes qui devraient être récoltées
Après les légumes verts et la pomme de terre, l’inquiétude plane sur les fruits. Le cas de la pomme en particulier illustre un paradoxe. En effet, la météo a été plutôt bonne pour les pommiers et la récolte de cette année s’annonce sous les meilleurs auspices. On devrait pouvoir récolter 1,4 million de tonnes de pommes, soit 13% de plus de Pink Lady ou de Golden. La règle de base en économie est que le consommateur est en position de force quand l’offre excède la demande. Aujourd’hui, la quantité de pommes repart nettement à la hausse mais les Français en mangent moins parce que la pomme est plus un fruit d’automne et d’hiver que d’été. Comme la fin d’été est plutôt chaude, les consommateurs privilégient les melons, les pêches ou les salades de fruits, ce qui fait que les ventes restent faibles. Cette situation n’a rien d’exceptionnel mais cette année, il y a en plus un paramètre qui change tout et qui pourrait provoquer des ravages : la crise de l’énergie.
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Le stockage des pommes en chambre froide va coûter 3 à 10 fois plus cher cette année pour les producteurs
La pomme n’est pas consommée juste après avoir été récoltée. C’est un fruit qui peut se conserver très longtemps, c’est pourquoi on en trouve toute l’année. Mais les pommes sont stockées dans des chambres froides hermétiques dans lesquelles l’oxygène est remplacé par de l’azote. Le problème est que ce procédé consomme beaucoup d’électricité. En temps normal, cette dépense représente environ 15% du prix d’une pomme. Mais avec la hausse des prix de l’énergie, la facture va être multipliée par 3 voire plus que 10 pour certains producteurs. Le prix de vente ne permettra pas de couvrir les coûts. De plus, parmi les 5000 producteurs, tous n’ont pas les mêmes contrats de fourniture d’énergie donc il sera difficile de se mettre d’accord sur une stratégie commune. Pour ne pas avoir à stocker, certains producteurs vont vendre plus à Andros par exemple, qui fait des compotes, ou aux fabricants de yaourts. Mais ce marché est beaucoup moins rentable. La situation est si grave pour certains producteurs qu’il est impossible de dire que l’on sauvera tout le monde en mangeant plus de pommes.
David Barroux