La semaine prochaine sera marquée par deux nouvelles journées de grève contre la réforme des retraites : le mardi 7 et le samedi 11 février. Non seulement les précédentes mobilisations ont été assez suivies mais le taux de participation a grimpé à la SNCF et à la RATP. La grogne va-t-elle encore s’étendre ?
Le taux de syndicalisation en France baisse constamment, il est aujourd’hui de 10%
Même s’il y a toujours un risque de prolongation de la mobilisation, le scénario « tache d’huile » et le blocage du pays semblent peu probables. Car même si cette réforme n’est pas très populaire, la France n’est pas un pays très syndiqué. Le taux de syndicalisation ne cesse de baisser et est d’environ 10% tous secteurs confondus à l’échelle du pays. Il s’élève à moins de 10% dans le privé et à moins de 20% dans le public. Les syndicats font du bruit et ils arrivent à mobiliser, mais ce serait faux de croire qu’ils représentent la France entière.
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Si les usines ou la plupart des services s’arrêtent faute de salariés – ce qui n’a pas encore été le cas loin s’en faut – il faudrait du temps et un mouvement de très grande ampleur pour que cela impacte les Français. En fait, le nombre d’entreprises qui jouissent d’une forme de capacité de nuisance est assez limité. Ce sont essentiellement les monopoles ou les anciens monopoles des entreprises du secteur public qui peuvent perturber la vie du pays. On parle donc essentiellement des transports. Pour l’instant, les deux premières journées de grève ont été assez suivies et le taux de participation monte à la SNCF comme à la RATP. Il y aura donc encore des perturbations. Mais ce ne sont pas des mouvements de grève reconductible avec arrêt total comme en 1995.
La réforme des retraites ne remet pas en cause tous les acquis sociaux
Dans les raffineries du secteur privé, où il y a aussi une capacité de blocage, le mouvement fait finalement plus de bruit que de mal. La production baisse un peu et les livraisons prennent du retard. Mais il y a de l’essence dans les stations-services et les raffineries ne sont pas à l’arrêt. Il y a une part d’imprévisible mais depuis les dernières grandes grèves qui ont fait reculer le gouvernement, deux choses ont changé.
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La première est que la réforme des retraites actuelle ne remet pas en cause tous les acquis sociaux des cheminots par exemple. Leur statut a déjà été abrogé lors de la dernière réforme ferroviaire mais au nom de la règle dite « du grand-père », les salariés déjà embauchés sous statut conservent leurs avantages. Ils peuvent toujours prétendre qu’ils vont faire la grève par procuration pour l’ensemble du pays mais la réforme actuelle, même si elle veut nous pousser à tous travailler plus, n’est pas une catastrophe pour eux. La deuxième chose est que l’on a vécu le confinement et le travail à distance. On sait que l’on peut télétravailler dans beaucoup de professions. Si le métro est en grève, on peut rester chez soi. Ce n’est pas vrai pour tout le monde, mais c’est vrai pour beaucoup. La menace de la grève dure existe, mais elle est un peu moins forte qu’avant. Il n’est donc pas certain que cela motive les grévistes.
David Barroux
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