La mobilisation s’annonce de nouveau massive pour cette deuxième journée d’opposition à la réforme des retraites. Il faut toutefois s’interroger sur la représentativité de ce mouvement.
La réforme des retraites était une proposition-phare du programme du candidat Macron
On parle effectivement de plus d’un million de personnes dans les rues aujourd’hui et de très fortes perturbations à l’école et dans les transports publics. Mais au-delà des images de foules défilant dans nos villes et de déclarations convenues sur la force de l’opposition populaire à cette réforme, il faut s’interroger sur la représentativité de cette mobilisation. Un million de personnes qui manifestent bruyamment pèsent-elles plus lourd que 10 millions de bulletins de vote glissés dans une urne il y a un peu plus de six mois ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Cette réforme des retraites, Emmanuel Macron ne l’a pas sortie de son chapeau du jour au lendemain, une fois réélu. C’était une des propositions-phares de son programme au premier tour de la présidentielle. On ne peut pas faire semblant de l’oublier, d’autant que dans une démocratie moderne, la légitimité de la principale élection nationale est sans nul doute supérieure à celle de scrutins professionnels marqués par une très forte abstention.
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Les sondages les plus récents montrent que le soutien des Français à la mobilisation syndicale grandit. C’est vrai. Mais une réforme des retraites est par nature impopulaire. Demander aux gens de travailler plus longtemps peut difficilement déclencher l’enthousiasme général. Même la réforme Touraine de 2014, dont on nous dit aujourd’hui qu’elle constitue une sorte de modèle de ce qu’il faudrait faire, a mis plusieurs centaines de milliers de personnes dans la rue. Pourtant, le gouvernement Ayrault avait pris le soin de reporter ses premiers effets en 2020, soit six ans plus tard, et de ne pas toucher à l’âge légal. Et c’est d’ailleurs parce que cette réforme n’est pas suffisante pour équilibrer les comptes de notre système de pension qu’il est nécessaire aujourd’hui de repousser l’âge de départ de 62 à 64 ans. Signe qu’en la matière, impopularité rime peut-être avec efficacité.
François Vidal