Cette bataille de l’opinion est évidemment difficile pour le gouvernement, dont la position recule. Il ne peut pas en être autrement, mais ce n’est pas pour autant qu’il est condamné à échouer.
L’opposition à la réforme des retraites devrait continuer de croître ces prochains jours
Trois Français sur quatre sont contre la réforme des retraites, selon un sondage Elabe pour BFMTV. C’est énorme, on ne peut pas le nier ; et surtout le rejet ne cesse de croître. 59 % il y a deux semaines, 66 % il y a une semaine et 72% aujourd’hui. Si la tendance reste sur ce rythme, dans un mois il n’y a plus personne pour défendre le projet. On n’en est pas encore là, mais cette tendance est ce que les syndicats pouvaient espérer de mieux pour gonfler la mobilisation de mardi prochain. Autant s’y préparer : les cortèges devraient être encore plus nombreux que la semaine dernière. C’est regrettable pour le gouvernement, mais prévisible. Pourquoi ? Déjà par nature, repousser l’âge de départ ne peut pas être populaire. Même si on en admet la nécessité, personne ne peut se réjouir d’avoir à travailler plus longtemps.
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Ceux qui disent, ce n’est pas le meilleur moment, ou ce n’est pas la bonne méthode ou encore on n’a pas fait assez de pédagogie, en fait de disent rien. Car pour reporter l’âge de la retraite, il n’y a ni bon calendrier, ni bonne méthode. Il y a pour l’exécutif à assumer et à traverser l’impopularité. Ensuite, dès qu’on entre dans le détail de la réforme, il est normal que les inquiétudes grandissent car plus on avance, plus on voit que c’est compliqué, que chaque cas est particulier et que les chausse-trappes sont infinies. Le débat, loin de clarifier, est par nature anxiogène. Enfin, la contestation alimente l’opposition. L’effet masse des manifestations contribue à faire basculer les hésitants. Comme souvent l’opinion bascule du côté des vents dominants. Et dans le débat médiatique, des phrases chocs marquent plus que des explications minutieuses. Donc, il est à parier que cette opposition continue à croître au moins sur la semaine à venir.
3 Français sur 4 pensent que la réforme des retraites sera votée
Et pourtant, le gouvernement n’est pas condamné à échouer, car dans les sondages, il y a deux autres indicateurs à surveiller. A la question « Etes-vous pour la réforme ? » On l’a vu, c’est non, massivement. Mais à « La réforme est-elle nécessaire ? » , là, c’est déjà plus partagé. Presque moitié-moitié. Enfin, troisième question : « la réforme sera-t-elle votée à l’arrivée ? », trois sur quatre disent que oui. Ça veut dire que tout en étant hostiles à la retraite à 64 ans, les Français, tout aussi massivement, croient à la détermination du gouvernement. Et finalement c’est la perception de cette détermination qui retient d’une certaine manière la contestation. Et c’est cette bataille-là que Macron se doit de gagner pour tenir, et faire aboutir la réforme, malgré des cortèges qui impressionnent.
Guillaume Tabard