Alors que c’est la guerre au Parti Socialiste avec la contestation des résultats de l’élection du Premier secrétaire, il y a aussi eu des turbulences chez Les Républicains, après la victoire d’Eric Ciotti sur Bruno Retailleau. Il y a bien failli y avoir une crise, mais elle a finalement été évitée.
Le PS est en danger de mort, alors LR, au bord du précipice, a choisi de ne pas sauter dans le vide
L’élection pour la présidence des Républicains a eu lieu en décembre. Le match, on s’en souvient, a été serré entre Eric Ciotti et Bruno Retailleau. Serré, mais l’avance du député de Nice à LR a été plus nette que celle d’Olivier Faure au PS, donc sa victoire n’avait pas été contestée. Là où les ennuis auraient pu revenir, c’est que Ciotti a présenté la semaine dernière l’organigramme de la direction. Une organisation pléthorique d’une soixantaine de noms, parce qu’il ne fallait oublier personne. Mais aussitôt, Retailleau a considéré que les accords n’avaient pas été représentés et que son courant, qui représente près de la moitié de LR, avait été mal traité. On aurait pu vraiment repartir dans une guerre fratricide dont la droite a le secret. Mais hier Ciotti et Retailleau se sont vus, sous la houlette de Gérard Larcher. Et tout est rentré dans l’ordre.
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Ce qui a permis d’éviter cette nouvelle guerre, c’est la peur du ridicule, sans doute. C’est l’instinct de survie, certainement, car disons-le, Les Républicains qui sont déjà passablement cabossés et qui ont déjà considérablement réduit, n’auraient pas résisté à une nouvelle querelle. La droite a vu le spectacle que donne le PS, plus mal en point encore et qui ne sait pas comment sortir du procès mutuel entre le camp d’Olivier Faure et celui de Nicolas Mayer-Rossignol. Le PS est en danger de mort, alors LR, au bord du précipice, a choisi de ne pas sauter dans le vide. Et l’enjeu, ce n’est pas uniquement une question de boutique, c’est préserver l’existence d’un parti de gouvernement parce que l’espoir de la droite, c’est que le départ obligé d’Emmanuel Macron en 2027 remette les compteurs à zéro ; et que donc l’alternance soit possible autour d’eux, à condition bien sûr d’éviter d’ici là le suicide collectif.
En votant la retraite à 64 ans, ce n’est pas uniquement Macron, c’est aussi eux-mêmes que Les Républicains sauvent
Ce souci de rester un parti de gouvernement dicte aussi la position de LR sur les retraites. Certains dans ses rangs, au nom d’une opposition de principe au chef de l’Etat ne voulaient pas que LR soutienne sa réforme. Mais après avoir martelé pendant des années qu’il fallait reporter l’âge de départ en retraite, et jusqu’à 65 ans même, il aurait été incohérent de refuser de soutenir la retraite à 64 ans. Faisons encore le parallèle avec le PS. Au pouvoir, c’est lui, le PS, qui a voté le fameux dispositif Touraine qui porte à 43 ans la durée de cotisation. Et là, dans l’opposition, il s’aligne sur les positions les plus radicales de la gauche mélenchoniste ou écologiste. C’est peut-être un calcul tactique à court terme. Mais à moyen terme c’est à son crédit quant à sa capacité de gouverner que le PS renonce. Et c’est ça que les Républicains veulent éviter : le discours alternatif. Alors ce soutien à la réforme des retraites ne va pas de soi. Un vote majoritaire de ses députés n’est pas encore acquis. Mais en votant la retraite à 64 ans, ce n’est pas uniquement Macron, c’est aussi eux-mêmes que Les Républicains sauvent.
Guillaume Tabard