Olivier Faure annonce sa victoire, Nicolas Mayer-Rossignol conteste : Le PS donne l’image d’un parti en bout de course

Sebastien SALOM-GOMIS/SIPA

Au PS, Olivier Faure a annoncé officiellement sa victoire. Son concurrent Nicolas Mayer-Rossignol conteste toujours le résultat. Le Parti socialiste offre le spectacle d’un parti non seulement coupé en deux, mais incapable d’organiser de manière fiable un scrutin au périmètre pourtant réduit, et pour tout dire d’un parti en bout de course.

 

Amateurisme ou opacité, fraudes ou mauvais-procès ; il y a à tout le moins un bug démocratique au PS

Quand 46 millions de Français élisent leur président, on a les résultats le soir même, département par département, commune par commune. Je veux bien admettre que la machine électorale n’ait pas les mêmes moyens. Mais plus de trois jours après le vote qui n’a pourtant réuni que 23.527 votants, non seulement le désaccord persiste entre les candidats, mais personne n’est capable de donner des chiffres par fédération. Amateurisme ou opacité, fraudes ou mauvais-procès ; il y a à tout le moins un bug démocratique. Imaginez une seule seconde ce que les socialistes eux-mêmes diraient si une pareille embrouille concernait le Rassemblement national par exemple. Des résultats hyper serrés, ça s’est pourtant déjà vu. Au PS, avec le match Aubry-Royal ou à l’UMP avec le duel Copé-Fillon. Passées les turbulences, ces partis s’en sont remis. Pourquoi ça ne serait pas le cas cette fois-ci ?

 

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Parce qu’entre temps, le PS s’est effondré. On rappelait le duel Aubry-Royal au congrès de Reims en 2008. Mais c’était après une présidentielle où la candidate socialiste avait fait 47,3 % au second tour, pas 1,75 au premier. Et dans le cadre d’un vote qui avait concerné 130.000 militants, pas 20.000. Soit six fois plus. Le PS a pu se diviser quand il était un parti conquérant et même dominant. Il suffit de rappeler Mitterrand-Rocard, le célèbre congrès de Rennes entre Jospin et Fabius, ou Royal-Aubry. C’était vrai à droite aussi avec la guerre Chirac-Balladur pour ne citer que celle-là et qui n’a pas empêché l’élection de Chirac. Ou encore au FN, avec le schisme Le Pen-Mégret qui n’a pas empêché Le Pen d’accéder au second tour en 2002.

 

Les adversaires d’Olivier Faure lui reprochent d’avoir radicalisé le PS en le plaçant en orbite de Mélenchon

Mais quand un parti est en chute libre, et c’est le cas du PS, toute division, tout blocage peuvent être mortels. Les socialistes risquent d’en être réduits à entonner : « c’est la chute finale ». Les adversaires d’Olivier Faure lui reprochent d’avoir radicalisé le PS en le plaçant en orbite de Mélenchon. Le qualificatif radical, en fait, est à entendre moins dans un sens idéologique que dans un sens politique : le parti socialiste s’apprête à vivre la fin de vie du parti radical. Que va-t-il se passer maintenant ? Chaque camp, celui d’Olivier Faure et celui de Nicolas Mayer-Rossignol paraissent aussi déterminés l’un que l’autre. Ça promet un congrès surréaliste le week-end prochain à Marseille. Et un contraste entre un mouvement social qui s’est réveillé contre les retraites, et qui paraît puissant, et une gauche qui, au PS, mais aussi à LFI, montre ses divisions, ses impasses, ses incohérences et qui ne paraît pas capable de transformer un mouvement d’opposition à Emmanuel Macron en offre politique alternative.

Guillaume Tabard

 

 

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