Nous entamons une semaine de mobilisation contre la réforme des retraites, qui prendra plusieurs formes. Le gouvernement doit-il redouter l’ampleur de cette grogne ?
Les deux réformes des retraites de 2003 et 2010 étaient passées malgré une forte mobilisation
Jeudi 19 janvier, ce sera une mobilisation sociale et syndicale, avec manifestations dans la rue et grèves, notamment dans les transports publics. Il y aura ensuite une mobilisation politique, samedi 21 janvier, avec la manifestation organisée par les Insoumis. Et enfin, ce n’est pas un acte de mobilisation en tant que tel contre la réforme des retraites, mais il faudra surveiller les trois élections législatives partielles qui ont lieu dimanche prochain. Il ne s’agira pas de sondages, mais de bulletins de vote réels. Ce sera donc aussi un test. C’est surtout la journée de jeudi qui sera observée. Les syndicats espèrent un million de personnes en France, et ce serait objectivement beaucoup.
A lire aussi
Est-ce de nature à impressionner le gouvernement ? Oui, car ce sera un baromètre de l’opposition à sa réforme. Est-ce qu’un tel niveau serait de nature à le faire reculer, même si c’était le coup d’envoi d’un mouvement dur et long ; sur plusieurs semaines ? Je ne le crois pas. On rappelle beaucoup 1995 et le recul de Jacques Chirac. Mais pour les deux dernières grandes réformes des retraites – 2003 sous Chirac-Raffarin et 2010 sous Sarkozy-Fillon -, il y avait eu aussi plusieurs manifestations à un million de personnes, des grèves et des blocages. A l’arrivée, les réformes sont passées. Cette fois le tandem Macron-Borne s’attend aussi à cette forte mobilisation et il s’apprête à tenir.
Le grand soir de la gauche n’aura pas lieu samedi, selon Guillaume Tabard
La manifestation du samedi annonce-t-elle de son côté un réveil de la gauche ? Disons le clairement, non. Autant les syndicats affichent une unité qu’ils n’ont pas connue depuis de très nombreuses années, autant les partis de gauche sont divisés. Ils sont unis pour dénoncer et combattre la réforme, mais ils sont divisés sur les modalités. Jean-Luc Mélenchon, qui trouve que les syndicats font mal leur travail, rêve d’une coagulation de tous les acteurs de la contestation derrière lui mais pour commencer, aucun autre parti de gauche de LFI ne participera à sa manifestation de samedi. Les autres s’en remettent au mouvement social. Le grand soir de la gauche n’aura pas lieu samedi.
A lire aussi
Si les législatives partielles ont un rapport avec la réforme des retraites, c’est parce qu’il faudra regarder le score des candidats macronistes, à commencer par l’un de ses sortants, Thomas Mesnier, en Charente. Subiront-ils un vote sanction ? Et il faudra plus encore regarder résultats des candidats RN car si le parti de Marine Le Pen est tenu à l’écart par les syndicats, c’est lui qui regroupe, et peut-être attire, le plus grand nombre d’opposants à la réforme des retraites. Vont-ils en tirer un bénéfice électoral ? C’est la question.
Guillaume Tabard