Retraites : Ces anciens ministres qui étrillent la réforme après l’avoir soutenue

David Nivière/SIPA

Deux anciens ministres de François Hollande étrillent la réforme des retraites d’Emmanuel Macron après l’avoir pourtant soutenue pendant la présidentielle. Une volte-face de Marisol Touraine et François Rebsamen qui mérite qu’on s’y arrête.

 

Marisol Touraine: « Je crois profondément que cette réforme est injuste »

On a l’impression que François Rebsamen, ex-ministre du Travail, et Marisol Touraine, qui fut ministre des Affaires Sociales et de la Santé, découvrent soudain qu’Emmanuel Macron avait le projet de reporter l’âge légal de départ en retraite. Ils ont pourtant tous les deux annoncé leur soutien au candidat Macron avant le premier tour de l’élection présidentielle, parfaitement conscients de son programme : reporter l’âge légal à 64 ou 65 ans. C’est finalement 64. Emmanuel Macron n’a pas dévié, personne n’est pris en traître et pourtant, Marisol Touraine cogne de toutes ses forces : « je crois profondément que cette réforme est injuste, il y a un risque pour notre pays, nous n’avons pas besoin d’une loi qui risque de se transformer en passeport pour le populisme d’extrême droite ». Carrément ! François Rebsamen déclare de son côté : « Emmanuel Macron ne doit pas fracturer le pays, déjà secoué par la sortie du Covid, l’inflation, et le choc de la guerre en Ukraine ». Les deux ex-socialistes revendiquent néanmoins d’être des réformistes. Mais apparemment, ils prônent une réforme sur la pointe des pieds, sans déranger et si possible sans prendre de coups.

 

A lire aussi

 

Une douzaine de députés de la majorité affirment aujourd’hui qu’ils ne voteront pas le texte parce qu’il est trop injuste et brutal

L’un comme l’autre préconise de renoncer à l’âge légal pour se concentrer sur la durée de cotisation. Pour compenser le manque à gagner, ils suggèrent de faire contribuer davantage les entreprises. François Rebsamen propose de mettre fin aux exonérations de cotisation pour les salaires jusqu’à 3,5 Smic et de revenir sur la suppression de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises. Bref, il s’agit de faire payer les patrons. C’est en contradiction totale avec la politique économique des deux quinquennats d’Emmanuel Macron dont l’objectif est d’atteindre le plein emploi justement en laissant souffler les boîtes pour qu’elles embauchent. Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, le répète tous les jours, il est hors de question d’augmenter les charges. Alors, soit Marisol Touraine et François Rebsamen n’avaient pas compris le projet du candidat qu’ils ont soutenu, soit ils ont changé d’avis. « Peut-être parce qu’on ne les a pas traités. Ils n’ont été nommés à rien, ne sont pas conviés dans les dîners politiques de la majorité » persifle un proche du président. Et que dire de la douzaine de députés de la majorité qui affirment aujourd’hui qu’ils ne voteront pas le texte parce qu’il est trop injuste et brutal ? Ils sont un peu comme Rebsamen et Touraine. Ils découvrent tout d’un coup que réformer les retraites se fait dans l’adversité alors qu’ils ont été élus dans le sillage d’Emmanuel Macron, sur son programme et avec, bien souvent, sa photo sur leurs affiches. On aurait pu leur dire, dès le mois de juin dernier, que ce projet n’entraînerait pas que des applaudissements. C’est quand la bataille fait rage qu’on apprécie la solidité des hommes avec qui on monte au front. En ce moment, Emmanuel Macron n’a qu’à lire la presse pour faire le tri.

David Doukhan

 

Retrouvez tous les articles liés à la politique