Amazon serait-il à son tour rattrapé par l’inflation ? Le groupe augmente le prix de certains de ses services aux Etats-Unis. Cette décision ne concerne pas la France – pour l’instant – mais mérite qu’on y prête attention.
Si Amazon augmente ses tarifs, la concurrence va également pouvoir le faire
La hausse des tarifs de livraison d’Amazon ne concerne que les livraisons alimentaires sur le marché américain. Jusque-là aux Etats-Unis, tous les abonnés au service Amazon Prime pouvaient être livrés sans supplément, autant de fois qu’ils le souhaitaient pour les courses du quotidien. A partir de maintenant, Amazon livrera gratuitement les commandes au-dessus de 150 dollars. Mais pour les petits paniers, il faudra payer de 5 à 10 dollars. Cela doit pousser le consommateur à grouper ses commandes ou à commander davantage à Amazon et permettre au géant de mieux maîtriser ses coûts. C’est une mesure d’économie. Cela ne nous concerne pas directement, mais mérite tout de même notre attention.
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En général, les décisions prises aux Etats-Unis finissent par se répercuter en France. Ensuite quand Amazon bouge, tout le monde doit y prêter attention. Le groupe contrôle la moitié du commerce électronique aux Etats-Unis et c’est aussi le plus grand acteur du e-commerce en France. C’est un acteur qui donne le tempo, aussi bien en termes de qualité de services, de relations clients ou de prix. Ce groupe est le mètre étalon, et tous les concurrents doivent adapter leur stratégie en tenant compte de celle du géant américain. Voir Amazon augmenter ses prix n’est pas une très bonne nouvelle pour le consommateur, mais c’est une bonne nouvelle pour ses concurrents. Cela va leur donner à eux aussi la capacité de monter leurs prix.
Si Amazon siffle la fin de la partie, c’est aussi que son rythme de croissance se ralentit
Amazon prend certes un risque en augmentant ainsi ses prix, mais c’est sans doute un risque calculé, qui est aussi le reflet de sa puissance. Cela démontre déjà qu’Amazon est dans une position de force suffisante pour imposer une hausse de prix et qu’il estime que ses clients ne vont pas fuir. Ensuite cette hausse est aussi une main tendue aux autres acteurs du marché, le leader fait passer le message qu’il faut sortir d’une forme de guerre des prix, car aujourd’hui les livraisons ne sont pas facturées à leur coût réel. Le distributeur subventionne son client. C’est une arme de séduction et de fidélisation. Mais quand tout le monde offre le même service, cela ne génère plus de préférence et cela coûte cher à tout le monde. Si Amazon siffle la fin de la partie c’est aussi que son rythme de croissance se ralentit, que l’inflation va peser sur ses coûts comme sur la demande. C’est souvent quand les temps s’annoncent un peu durs que l’on prend des décisions difficiles. Là, c’est un petit signal mais il faut y prêter attention car en creux ça veut dire qu’Amazon, qui est un sacré thermomètre de l’évolution de la consommation, est un peu inquiet.
David Barroux
