Vaches à lait, viande bovine : Le cheptel a reculé en 2022, nouveau signe de déclin de l’agriculture française

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Le constat est cruel, notre cheptel ne cesse de reculer. L’an dernier les troupeaux de vaches à viande se sont réduits de plus de 110.00 têtes, et on affiche une diminution de 80.000 vaches à lait. La France reste le premier cheptel d’Europe mais perd du terrain.

 

La France avait 220.000 exploitations en 2010, et n’en compte plus que 150.000 aujourd’hui

Sur un an, la baisse du cheptel bovin français ne représente que 2 à 3%. Mais sur six ans, depuis 2016, il a fondu de plus de 800.000 têtes. C’est une réduction de presque 10% à quasiment 17 millions de vaches dans l’Hexagone contre plus de 20 millions en 1995. Il y a des tendances de moyen-long terme et des facteurs conjoncturels qui accélèrent la tendance. Le structurel, c’est qu’un élevage de bêtes n’est pas le plus rentable mais c’est le plus contraignant. Planter du blé est plus simple et souvent plus sûr. Gérer un troupeau, cela veut dire qu’il est impossible de partir en vacances et on assiste à de vraies fluctuations des cours de la viande ou du lait avec des coûts variables qui peuvent exploser, comme en ce moment. Les engrais ont augmenté de 75% et on en a besoin pour le fourrage, surtout quand il y a de plus en plus de sécheresses. L’alimentation animale a bondi de 24%. Logiquement, les paysans partent à la retraite et ne sont pas remplacés par de nouveaux éleveurs. Il y a une forme de crise de vocations. La France avait 220.000 exploitations en 2010, et n’en compte plus que 150.000 et la moitié des éleveurs ont plus de 50 ans.

 

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La France conserve malgré tout le premier cheptel bovin d’Europe

La France a déjà vécu le déclin industriel, et on assiste aujourd’hui incontestablement une forme de déclin dans l’agroalimentaire. Le pays exporte du vin et du blé mais les importations de viande ont par exemple bondi de presque 25% l’an dernier. On affiche encore un excédent de 4 milliards d’euros sur ce front mais il fond, et on assiste comme dans le secteur des fruits et légumes à une forme de perte de souveraineté. On peut encore relativiser la catastrophe. La France conserve le premier cheptel d’Europe. Il y a des géants dans les produits laitiers comme Lactalis et Danone et des acteurs de premier plan dans la viande. Il est vrai que la jeune génération consomme moins de viande et de lait. Il faut donc adapter notre production. Mais il faut continuer à rendre le métier attractif. Pour ça, il faudrait arriver à monter en gamme ou trouver des moyens de rendre le métier d’éleveur moins pénible et plus lucratif. La pénibilité se travaille en rapprochant des exploitations. Mutualiser les terres entre plusieurs agriculteurs leur permettrait par exemple de prendre des vacances. Et pour les revenus, il faut diversifier. Il faut investir dans la méthanisation ou l’énergie solaire; il faut faire des céréales. Ce n’est que comme ça que la France pourra rester une grande puissance agricole.

David Barroux

 

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