La France en 2050 : Moins de viande, plus de vélos et des constructions limitées ?

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Comment parvenir à la neutralité carbone en 2050 ? Après les travaux de RTE (Réseau du Transport d’Electricité) publiés il y a 1 mois, l’ADEME, l’Agence de la transition écologique, présente à son tour ses travaux prospectifs. Et il n’est pas seulement question d’énergie mais aussi d’alimentation, de transports, de forêts. 4 scénarios sont possibles et dessinent un visage très différent de la France dans 30 ans.

4 scénarios, 4 chemins possibles et autant de choix de société

Un rapport de 700 pages, deux ans de travail et plus de 100 personnes qui ont planché dessus. L’ADEME dessine plusieurs voies possibles pour la neutralité carbone. 4 scénarios, 4 chemins possibles et autant de choix de société. Le premier scénario, le S1, est celui de la sobriété. L’ADEME l’a appelé Génération frugale et il implique des évolutions sociétales majeures. Selon Valérie Quiniou, directrice exécutive de la prospective et de la recherche à l’ADEME : « cela se traduit à la fois par une alimentation beaucoup moins carnée, on mangera trois fois moins de viande qu’aujourd’hui. La mobilité sera également modifiée en faisant davantage appel aux vélos ou à la marche ». 80% des logements seront aux normes basse consommation.

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La construction sera limitée, les logements vacants et les résidences secondaires seront transformées en résidences principales. La mobilité est réduite d’un tiers et les puits naturels de carbone seront sanctuarisés, notamment les forêts : « c’est une préservation des puits naturels ainsi que des pratiques agricoles différentes avec de l’élevage extensif, qui permet d’avoir un rôle des sols dans le stockage de CO2 » dit Valérie Quiniou. Le scénario opposé est le S4 et les tendances actuelles se poursuivent. Les habitudes de consommation sont peu modifiées mais pour compenser, il va falloir miser sur des technologies majeures : « on n’est pas très loin de notre scénario tendanciel mais pour éviter d’arriver dans le mur on fait appel à des puits technologiques de CO2, plus ou moins mature aujourd’hui. On doit faire du captage de CO2 dans l’atmosphère ».

« On ne peut pas attendre un hypothétique développement technologique qui viendrait tout résoudre »

Captage et stockage de CO2 dans les usines, captage de CO2 dans l’air, des technologies embryonnaires et disponibles peut-être vers 2040. C’est un pari estime l’ADEME. Les deux autres scénarios combinent eux, sobriété et technologie. L’agence de l’environnement a voulu élargir le champ des discussions selon Arnaud Leroy, président de l’ADEME : « sur la question de la bio économie, du logement, de la mobilité, tout cela est lié. Ce sont des éléments importants sans oublier l’alimentation. La neutralité carbone n’est pas qu’un sujet énergétique et il faut débattre ». Quel que soit le scénario, les énergies renouvelables représenteront au minimum 70%, le visage des forêts sera bouleversé, la mobilité transformée.

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Des bouleversements tels qu’il faut commencer maintenant : « il y a un aspect industriel qui n’est pas anodin dans tout le travail que l’on a fait. Il faut que les réglementations et les financements suivent. Ce sont donc des modifications conséquentes, il faut agir dès maintenant. On ne peut pas attendre un hypothétique développement technologique qui viendrait tout résoudre ». De la sobriété heureuse au tout technologique, la question de l’acceptabilité sera majeure. Le débat doit s’ouvrir peut-être dès cette campagne présidentielle.

Baptiste Gaborit

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