Covid-19 en Chine : « Le pire scénario pour nous serait celui d’un nouveau variant », explique Anne-Claude Crémieux

ISABELLE HARSIN/SIPA

Alors que 2023 commence dans un contexte de forte sollicitation des hôpitaux, avec une grippe sévère et une période Covid qui se prolonge, Anne-Claude Crémieux, professeur de médecine, infectiologue et membre de l’Académie de médecine était l’invitée de Guillaume Durand dans la matinale de Radio Classique.

Les meilleurs vaccins sont les vaccins ARN messager, souligne Anne-Claude Crémieux

« La politique zéro Covid de la Chine n’était pas une aberration au départ » : Anne-Claude Crémieux a tenu à remettre dans son contexte cette mesure controversée qui vient de prendre fin de manière brutale. « Quand nous n’avions pas de vaccin », explique la scientifique, « c’était au fond la seule manière d’arrêter le virus ». Elle cite d’ailleurs les pays « zéro Covid » qui en 2020 ont compté beaucoup moins de morts et ont eu des conséquences économiques limitées. Mais à l’inverse d’autres pays comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon et la Thaïlande, la Chine « n’a pas saisi l’occasion » de changer de politique, et de miser sur le vaccin, désormais existant. Anne-Claude Crémieux a détaillé ce qui posait problème avec le vaccin chinois, qu’on dit inefficace : « effectivement, les meilleurs sont les vaccins ARN messager ». Elle réfute toutefois l’idée que le vaccin chinois soit totalement inutile : « Les études, notamment celles qui ont été faites à Hong Kong, ont montré que 3 injections permettaient quand même d’atténuer la sévérité de cette vague. Mais [Pékin] n’a pas fait 3 injections. La moitié de la population chinoise n’a reçu que 2 injections, et est donc très mal protégée contre les formes cellulaires et encore moins bien contre les infections ».

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En France, le principal variant qui circule est le BQ1.1

En réaction à la fin de la politique zéro Covid et à l’affluence des patients dans les hôpitaux chinois, plusieurs pays ont renforcé les contrôles pour les voyageurs venant de Chine. Pour venir en France, ces passagers doivent présenter un résultat de test négatif de moins de 48h avant le départ, et le port du masque est obligatoire pendant le vol. Est-ce suffisant ? Il n’est pas essentiel d’éviter les cas de coronavirus, souligne l’infectiologue, « car nous sommes protégés par notre immunité hybride, c’est-à-dire notre passé de vaccination et notre passé d’injection qui est quand même assez solide ». Le principal danger pour la France et pour les pays qui ont un bon taux d’immunité est de voir arriver un nouveau variant, précise Anne-Claude Crémieux, « qui déchirerait cette immunité ». « C’est le scénario noir le plus redouté », poursuit-elle, expliquant que la surveillance génomique est fondamentale : « Puisqu’il n’y a pas de transparence du côté chinois, il faut qu’il y en ait de l’autre côté ». On a toutefois des premiers éléments « puisque la Chine a augmenté le nombre de séquençages qui confirment que les souches qui circulent sont des dérivés de BA.5, notamment le BA.7 que nous connaissons, et qui échappe moins à l’immunité que le variant qui circule aujourd’hui en France, le BQ1.1 ».

Béatrice Mouedine

 

 

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