Emmanuel Macron réunit un Conseil de politique nucléaire : Pourquoi le sujet est politiquement dangereux

Benoit Tessier/AP/SIPA

Si l’on parle beaucoup de la réforme des retraites, il y a un autre sujet qui occupe le gouvernement en ce moment : la relance de notre politique énergétique. Emmanuel Macron réunit le Conseil de politique nucléaire ce vendredi 10 février.

 

Emmanuel Macron avait fait de la relance du nucléaire une promesse de campagne

L’énergie est un domaine de cycle long, c’est-à-dire qu’il faut prendre des décisions dès aujourd’hui, qui auront un effet positif dans seulement plus de dix ans. Politiquement, c’est un sujet dangereux. D’abord, parce que les choix sont complexes et coûteux mais aussi parce qu’ils peuvent être impopulaires avec une difficulté supplémentaire : la décision que l’on prend aujourd’hui mobilise les opposants, ceux qui sont contre une réforme par principe ou ceux qui vont y perdre quelque chose. Cependant, il est difficile de mobiliser ceux qui dans dix ou vingt ans, bénéficieront des décisions prises maintenant. C’est le cas avec la réforme sur les retraites qui pénalise les actifs d’aujourd’hui mais qui bénéficiera aux retraités de demain. Et c’est aussi le cas dans le domaine de l’énergie nucléaire.

 

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Il y a un an, Emmanuel Macron avait fait de la relance du nucléaire une promesse de campagne et une priorité. Aujourd’hui les choses bougent. Ce vendredi 10 février, le président a réuni le Conseil de politique nucléaire qui regroupe le gouvernement mais aussi le CEA (le Commissariat à l’énergie atomique) et l’ASN (l’Autorité de sûreté nucléaire). A l’ordre du jour il y avait un sujet majeur : comment préparer, dans des conditions de sécurité, la prolongation de la durée de vie de nos centrales au-delà de 60 ans ? C’est un sujet stratégique.

 

Etats-Unis : 75% des réacteurs ont vu leur licence prolongée jusqu’à 60 ans

En France, on compte aujourd’hui une cinquantaine de réacteurs. La majorité ont été construits dans les années 80-90. La plupart auront donc 40 ans vers 2025. Ils ont été autorisés pour une telle durée. Au-delà, il faut que tous les dix ans l’ASN effectue une visite et fixe des conditions pour prolonger l’exploitation. Le débat était de passer de 40 à 50 ans. Là, à juste titre, le gouvernement se dit que pour passer un jour de 50 à plus de 60 ans, il faut anticiper. EDF doit se préparer.

 

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Cela va forcément susciter des polémiques mais on se dirige vers un monde de plus en plus électrique et il nous faut de plus en plus d’électricité décarbonée. La conviction de la France est que les renouvelables – qui sont intermittentes – ne peuvent pas répondre seules à nos besoins. Il nous faut de nouveaux réacteurs mais si l’on peut prolonger la durée de vie des réacteurs actuels, cela sera plus économique. Si on trouve un jour un moyen de s’en passer, les EPR n’auront pas été construits pour rien. Le dernier élément à avoir en tête est qu’aux Etats-Unis, 75% des réacteurs ont vu leur licence prolongée jusqu’à 60 ans.

David Barroux 

 

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