Retraites : La concession d’Elisabeth Borne à LR, le début d’un détricotage de la réforme ?

Eric Dessons/JDD/SIPA

A la veille de l’examen du projet de réforme des retraites à l’Assemblée, Elisabeth Borne a accepté d’étendre le dispositif carrières longues à ceux ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans. Un geste coûteux et pas nécessairement rentable…

 

L’extension du dispositif carrières longues, une mesure à près d’1 milliard d’euros

Dans la bataille qu’est devenue la réforme des retraites, le gouvernement se bat depuis le début sur deux fronts : l’opinion publique d’un côté et, de l’autre, le parlement. Sur le premier, il a clairement perdu l’avantage et les manifestations organisées le mardi 7 et le samedi 11 février devraient le confirmer. Dans ces conditions, le gouvernement n’a plus le droit à l’erreur sur le front parlementaire. Pour faire voter la réforme sans recourir au 49.3, ce qui serait un aveu de faiblesse, il doit obtenir le soutien des élus Les Républicains. Et le plus tôt sera le mieux pour éviter de s’enliser dans la guérilla de l’obstruction parlementaire. C’est précisément pour atteindre cet objectif que la Première ministre a annoncé hier, l’extension du dispositif carrières longues. Une mesure à près d’un milliard d’euros, que la droite traditionnelle réclame depuis des semaines.

 

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Il n’est pas sûr cependant que la concession soit jugée satisfaisante… Certains députés LR jugent en effet le geste insuffisant. Ils réclament tout bonnement de faire sauter la condition d’âge pour tous ceux qui auront cotisé 43 ans. Une mesure qui s’élève à 10 milliards d’euros ! Le risque désormais est que le projet de réforme soit détricoté à force de concessions coûteuses. Un véritable piège pour le gouvernement qui obtiendrait, au final, une victoire certes, mais à la Pyrrhus, avec une loi vidée de sa substance et ne permettant pas de résorber efficacement le déficit du régime des retraites. Il est donc urgent que l’exécutif arrête de reculer sous la pression et définisse avec Les Républicains, les conditions d’un accord. Au moment où la bataille parlementaire s’engage dans un climat de grande tension, les deux partenaires y ont intérêt. Le pays aussi.

François Vidal

 

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