La manifestation contre la réforme des retraites a réuni ce mardi 31 janvier près de 1,3 millions de personnes selon les autorités, 2,8 millions selon la CGT. Quelles conséquences cela peut-il avoir sur le parcours de la réforme des retraites ?
Le gouvernement a été surpris par l’ampleur de la mobilisation du 19 janvier
La journée d’hier fut un succès pour les syndicats. Dans toutes les villes, et quelle que soit la source des chiffres – la police ou les organisateurs – il y a eu plus de monde que le 19 janvier. Et on est déjà dans la fourchette haute des manifestations contre la réforme des retraites, toutes dates confondues. Pour être juste, il faut préciser aussi que s’il y a eu plus de manifestants, il y a eu aussi moins de grévistes. Dans la fonction publique, dans l’Education nationale, à l’hôpital, à EDF, les taux ont été nettement plus faibles. Et malgré la mobilisation en hausse, cette fois, le gouvernement n’a pas été pris par surprise. Le 19 janvier, il ne s’attendait pas du tout à une mobilisation de cette ampleur. Et, il faut bien le dire, ça l’avait un peu déstabilisé. Il s’en s’était suivi une bonne de semaine de flottement, de doute dans la majorité et d’explications embarrassées des ministres notamment sur la situation des femmes. Les pro-réformes s’étaient retrouvés acculés, ce qui n’est jamais bon à la veille d’une manifestation. Et ce qui est encore moins bon au lendemain d’une manifestation réussie.
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Cette fois, l’exécutif avait anticipé une mobilisation en progression, et s’était donc préparé à rappeler que la rue ne s’imposait pas à la légitimité des urnes. Il avait anticipé en affichant une détermination renforcée. C’est pour cela qu’Elisabeth Borne avait lâché que les 64 ans n’étaient « plus négociables », comme si elle répondait par anticipation aux cortèges. Et enfin, l’exécutif avait anticipé en montant à son tour sur le ring de boxe politique sur lequel mélenchonistes et écologistes se sont déjà bien échauffés. C’est le sens de la sortie de Gérald Darmanin dans Le Parisien accusant la Nupes de « bordéliser » le pays.
Les oppositions désunies sur la stratégie à suivre, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne ne s’en plaignent pas
La question, maintenant est simple : que va-t-il se passer ? Côté social, les syndicats ont annoncé deux nouvelles journées de mobilisation en février, dans l’espoir de battre leur propre record d’hier. Mais maintenant, c’est surtout le Parlement qui va prendre le relais. Avec comme coup d’envoi la motion référendaire défendue par le Rassemblement national. Vous savez que c’est par tirage au sort que le texte du RN a été préféré à ceux de la gauche. Une gauche furieuse, et qui ne veut pas voter le texte lepéniste. Alors depuis quelques jours on se demande si le gouvernement va avoir une majorité suffisante pour voter son projet de loi. Mais ce qu’on commence à voir, c’est que les oppositions sont profondément désunies sur la stratégie. Ce ne sont pas Emmanuel Macron et Elisabeth Borne qui s’en plaindront.
Guillaume Tabard