Taxer l’aérien pour financer le ferroviaire, la nouvelle idée du ministre des Transports

JEANNE ACCORSINI/SIPA

Le gouvernement veut taxer le transport aérien pour financer les investissements dans le ferroviaire. Officiellement Clément Beaune, le ministre des Transports parle juste « d’engager des discussions avec le monde aérien sur leur contribution au secteur de la construction de nouvelles infrastructures ».

Si je vous traduis cette idée en français, ça veut dire « on va taxer le méchant avion qui transporte les riches et qui pollue pour trouver des moyens financiers pour investir dans le rail du gentil train qui ne pollue pas et qui transporte les Français moyens ».

Le mécanisme précis n’est pas encore arrêté mais comme il existe toute une armada de taxes qui pèsent sur les billets d’avion, soit on va augmenter le montant des taxes, soit on va élargir l’assiette en inventant une nouvelle taxe.

Le gouvernement a raison de vouloir défendre le transport ferroviaire. C’est un transport collectif qui permet de réduire les émissions de CO2. Et on a déjà une infrastructure existante. Il faut donc dégager des moyens pour investir dans de nouveaux trains et pour rénover ou entretenir nos lignes.

On pointe du doigt le transport aérien, alors que l’avion n’a pas vocation à financer la SNCF

Le problème, c’est l’argent. En France on retombe tout le temps dans « un problème, une taxe ». On pourrait commencer par mieux gérer l’argent ou les entreprises publiques, on pourrait aussi faire des économies.

Là c’est quand même un peu fort pour le transport aérien que l’on pointe du doigt. On leur dit, on va vous taper dessus pour financer un mode de transport concurrent. L’avion n’a pourtant pas vocation à être une forme de donateur universel finançant une SNCF structurellement déficitaire qui offre un service indispensable mais qui ne peut pas se passer d’argent public.

Certes, l’avion pollue. Mais l’aviation répond a de vrais besoins et est une cible facile victime de clichés. On dit transport de riches. Les hauts revenus prennent plus l’avion que les pauvres mais les trois-quarts des Français prennent l’avion qui parfois n’est pas plus cher que le train.

De nouvelles taxes augmenteront forcément le prix des billets

Ensuite l’aviation est déjà très lourdement taxée. La moitié du prix du billet ce sont des impôts et des taxes. Et à la différence du train ou de la route, l’aviation et les aéroports, Air France comme ADP, paient eux-mêmes pour leur infrastructure.

On fait payer l’usager, pas la collectivité. C’est un bon principe. L’aviation est aussi engagée dans sa propre décarbonation. On va utiliser de plus en plus de nouveaux carburants moins polluants mais qui coûtent plus cher et on rajeunit les flottes, ce qui coûte cher.

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Les prix des billets sont donc déjà orientés à la hausse et là on va rajouter des taxes. Elles pèseront peut-être plus sur les jets et sur la classe Affaires mais là on rajoute de l’incertitude. Or dans l’aérien comme dans tous les secteurs économiques on a besoin de stabilité et de compétitivité.

Si nos compagnies finissent par être les plus taxées, on va les affaiblir. Ceci dit, il n’y aura plus qu’à imaginer de nouvelles taxes pour venir les aider un jour.

David Barroux

 

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