Le groupe Casino, qui possède Monoprix, Naturalia et ses hypermarchés, annonce ce lundi 24 avril qu’il va s’allier avec son concurrent Intermarché. Une bonne nouvelle pour l’enseigne, souvent considérée comme la plus faible de la grande distribution.
Dans la distribution, la clef est de vendre le moins cher possible pour attirer le maximum de clients. Mais pour gagner de l’argent en cassant les prix, la recette pour un distributeur est d’acheter le moins cher possible. Pour cela, il faut être le plus efficace, mais aussi et souvent, soit le plus gros, soit celui qui a le plus d’amis.
Car comme on dit dans le secteur : « plus on est de fous, moins c’est cher ». C’est pour cela, que l’annonce d’un partenariat renforcé entre Casino et Intermarché est une bonne nouvelle pour les deux groupes, mais aussi pour les consommateurs.
Mais alors, qu’est-ce que cette alliance va changer ? Intermarché et Casino étaient déjà alliés dans une centrale d’achats pour tous les produits de grande consommation. Cela veut dire que les deux groupes négociaient ensemble avec Coca-Cola, Danone, Nestlé, Lactalis, L’Oréal ou Procter. Cette alliance va être prolongée de deux ans, pour l’inscrire dans la durée, c’est-à-dire jusqu’en 2028.
Casino deviendra le fournisseur privilégié d’Intermarché pour les produits frais
L’enseigne Intermarché – qui a la particularité d’être intégrée de façon verticale puisqu’elle est présente dans la pêche, dans la viande et dans de nombreux produits sous marque distributeur – va devenir pour ces produits, le fournisseur privilégié des enseignes du groupe Casino. En parallèle, le groupe Casino qui elle est allié avec la coopérative agricole InVivo deviendra le fournisseur privilégié d’Intermarché pour les produits frais. Chacun va pouvoir vendre plus et les volumes sont souvent la clef de la compétitivité.
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Est-ce que tout cela peut suffire à sauver le groupe Casino, fréquemment considéré comme l’acteur le plus faible de la grande distribution avec Auchan ? Casino a besoin de moyens pour investir dans la modernisation de ses magasins, et de puissance pour être plus compétitif sur les prix. Avec cette alliance, l’enseigne améliore potentiellement sa compétitivité prix.
Daniel Kretinsky est actionnaire du groupe Casino, à hauteur de 10%
En parallèle, le groupe contrôlé par Jean-Charles Naouri annonce ici qu’il pourrait faire évoluer le capital du groupe Casino. Le financier tchèque, Daniel Kretinsky, qui est déjà actionnaire à hauteur de 10%, pourrait injecter de l’argent à l’occasion d’une augmentation de capital. Il deviendrait ainsi le premier actionnaire devant Jean-Charles Naouri qui est très endetté et qui manque de munitions financières pour investir.
Si Casino lève des fonds, cela lui donnera des armes pour se moderniser. C’est donc là encore une bonne nouvelle même si l’augmentation de capital n’est jamais très bonne pour les actionnaires historiques qui se retrouvent dilués. C’est vrai pour Naouri, qui risque de perdre le contrôle de Casino, mais c’est vrai aussi pour les petits porteurs. Il vaut mieux un Casino qui sort la tête de l’eau, qu’un Casino qui fait banqueroute.
David Barroux