Alors que la guerre en Ukraine fait rage depuis deux semaines, on peut s’interroger : où en sont les entreprises occidentales présentes en Russie ?
Apple et McDonald’s ont fermé leurs boutiques en Russie
Toutes les entreprises ne sont pas dans la même situation. Il y a celles qui ne produisent rien en Russie, qui n’ont pas d’actifs majeurs dans le pays ou qui n’ont pas de partenariats stratégiques avec les Russes. Celles-là sont toutes progressivement en train de couper les ponts. Elles n’exportent plus vers Moscou ou elles ferment leurs boutiques. C’est déjà le cas pour des groupes de luxe ou de cosmétiques et pour des groupes comme Apple ou McDonald’s. Il y a d’autres entreprises qui ont été mises à l’arrêt forcé en raison des décisions prises par l’Europe ou par mesures de rétorsion de Vladimir Poutine. Dans l’aérien et le spatial par exemple, Airbus, Arianespace ou Air France sont en quelque sorte en chômage forcé. Et puis il y a des entreprises qui sont encore dans le flou.
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C’est le cas de celles qui sont très implantées en Russie et qui ne peuvent pas du jour au lendemain, tout abandonner car elles ont des actifs importants, des usines, des magasins ou des parts de marché. Elles emploient également bien plus de Russes que d’expatriés et elles auraient beaucoup à perdre sur la durée. On peut arrêter d’exporter et espérer reprendre quand le conflit s’arrêtera. Mais pour les groupes français comme Renault – qui possède Lada AvtoVAZ et qui contrôle un tiers du marché automobile – pour Total qui a des investissements en milliards de dollars, pour Auchan et Decathlon qui ont plusieurs centaines de magasins ou pour Danone, la Société Générale ou Yves Rocher qui ont des millions de clients russes, quitter le pays serait une décision très lourde de conséquences et qui pénaliserait plein de Russes qui n’ont rien à voir dans le conflit. Si Total abandonne par exemple ses partenaires russes, ne soyons pas naïfs, très vite des pétroliers chinois viendront remplacer le groupe français. Pour Danone qui vend des produits du quotidien ou du lait pour bébé, est-ce que cela serait responsable d’abandonner le pays ? Et pour Sanofi, faut-il arrêter de vendre des médicaments ?
Accor, Total, Danone ou Technip vont mettre entre parenthèse des projets d’investissement
Pour l’instant, certaines entreprises jouent la montre et proposent aux expatriés de rentrer. D’autres comme Accor, Total, Danone ou Technip vont mettre entre parenthèse des projets d’investissement. Mais pour beaucoup, elles sont en fait dans le flou. Quand on bascule dans la guerre, la balle est dans le camp des gouvernements. Demain cela peut être le gouvernement français ou l’Europe qui impose de quitter le pays. Après-demain, cela peut être le gouvernement de Vladimir Poutine qui va saisir leurs actifs comme on saisit les biens des oligarques.
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C’est facile de critiquer ceux qui continuent à faire des affaires en Russie mais aujourd’hui, pas une entreprise ne le fait de gaîté de cœur. L’économie russe de toutes les façons, est partie pour souffrir. On a l’impression de vivre un retour en arrière terrible. Il y a une trentaine d’années, quand McDonald’s avait ouvert son premier restaurant en Russie, plus de 30 000 Russes avaient fait la queue. Aujourd’hui, le rideau de fer retombe et la Russie est en train de se couper en partie de l’Occident et donc de ses produits. Et il y a de quoi être triste et très inquiet. Et bien sûr, pas seulement pour des questions économiques.
David Barroux