Europe : Est-ce la fin de la pêche industrielle dans les aires marines protégées ?

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Le chalutage, une méthode de pêche destructrice, est toujours autorisé dans les aires marines protégées (AMP). Ce mardi 3 mai au Parlement européen, un amendement pourrait être voté afin d’interdire la pêche industrielle dans ces zones contrôlées.

Certaines aires maritimes protégées sont plus chalutées que d’autres non protégées

Le 3 mai, au Parlement européen se joue une bataille importante au sujet des aires marines protégées (AMP). Ces aires sont de plus en plus nombreuses. En effet, l’Europe en a fait un axe majeur de sa politique de préservation de la biodiversité. Pourtant dans beaucoup de ces espaces marins, le chalutage de fond est toujours autorisé. Des députés veulent donc y mettre fin. A l’occasion du vote qui a lieu aujourd’hui sur un rapport d’initiative consacré à l’économie bleue, l’eurodéputée belge écologiste Caroline Roose a déposé un amendement qui propose d’interdire dans les aires marines protégées le chalutage de fond. Selon l’ONG Bloom et son directeur scientifique Frédéric le Manach, c’est une des pires techniques de pêche : « c’est une méthode de pêche qui utilise des grands filets en forme de chaussette. Ces filets sont tractés par des bateaux et lestés par des panneaux métalliques pour être plaqués au fond de l’océan. C’est très efficace mais l’impact physique sur les habitats est colossal. On pèche à l’aveuglette sans sélection et on capture toutes les espèces protégées ou non de la zone ».

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Le tout à grand renfort de carburant car il faut tracter de lourds engins sur les fonds marins. Cette technique est donc considérée comme destructrice par les associations et les experts. Pourtant elle reste autorisée, comme beaucoup d’autres, dans les aires marines protégées qui n’ont de protégées que le nom : « en Europe certains AMP sont plus chalutées que d’autres zones qui ne sont pas protégées. On marche sur la tête. En France on a 11 niveaux de protections mais la pêche industrielle destructrice est autorisée quasiment dans toutes les zones. Il n’y a en vérité que 0.05% de zones strictement protégées en France ».

L’ONG Bloom dénonce une « supercherie écologique » de la part des députés proches de Macron

Le député européen français, Pierre Karleskind, président de la commission pêche, membre du groupe Renew et proche d’Emmanuel Macron, propose d’interdire les méthodes nuisibles dans les aires strictement protégées. Cela représente moins de 1% des eaux européennes. Il veut ensuite lancer une étude dans chaque aire marine pour regarder au cas par cas : « il y a des endroits qui ont l’appellation d’AMP afin de protéger des oiseaux car les lignes avec des hameçons menacent les volatiles. Par contre, les chalutiers pour certaines zones en Méditerranée sont très impactant ». Il faudrait donc interdire le chalutage de fond quand cela est nécessaire.

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Selon Pierre Karleskind l’interdiction générale des chalutiers n’aurait aucun sens et aurait des conséquences importantes pour les pêcheries françaises. En effet, 45% des eaux françaises sont classées en aires marines protégées : « il faut avoir en tête que l’interdiction des engins et des pratiques de pêches sur des superficies importantes entraine forcément des conséquences socio-économiques sur les acteurs du secteur ». Cet amendement est dénoncé par l’ONG Bloom qui parle d’une « supercherie écologique » de la part des députés proches d’Emmanuel Macron. Le vote au parlement n’aura rien de contraignant. Ce n’est pas une loi mais selon l’ONG c’est l’occasion d’envoyer un signal politique fort à la commission européenne.

Baptiste Gaborit

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