Bercy a dévoilé ce jeudi 20 avril les grandes lignes de la feuille de route budgétaire du pays d’ici à 2027. L’objectif affiché est de ramener le déficit public à moins de 3% du PIB à cet horizon. Est-ce crédible après des années de quoi qu’il en coûte ?
La fin du quoi qu’il en coûte a été annoncée plusieurs fois depuis la fin de la pandémie, mais cette fois-ci, il semble bien que ce soit la bonne. La chasse aux économies est officiellement ouverte, affirment en chœur les deux patrons de Bercy Bruno Le Maire et Gabriel Attal. Il faut dire qu’ils n’ont plus vraiment le choix.
Si la France veut restaurer sa crédibilité auprès de ses partenaires européens et des agences de notation, elle doit réduire son train de vie. Car, aujourd’hui, avec un déficit attendu autour de 4,9% du PIB et un endettement de 3.000 milliards d’euros, notre pays est particulièrement exposé à la remontée des taux d’intérêt.
A tel point que la charge annuelle de la dette devrait rapidement devenir le premier poste budgétaire de l’Etat. Sans coup de frein rapide sur la dépense, la France risque de perdre le contrôle son endettement.
Reflux des prix de l’énergie : Bercy pense pouvoir économiser 30 milliards d’euros à l’horizon 2025
Pour s’en sortir, le gouvernement peut d’abord compter un double effet d’aubaine, si j’ose dire. Un, l’inflation, va gonfler le PIB en valeur et augmenter mécaniquement les recettes de l’Etat. De quoi réduire le taux d’endettement et celui du déficit.
Deux, le reflux des prix de l’énergie devrait permettre de débrancher les boucliers tarifaires. Voilà de quoi économiser 30 milliards à l’horizon 2025, selon Bercy. Mais cela ne suffira pas. Il faudra aussi réduire la dépense publique dans des proportions « inédites », estime la Cour des comptes.
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Pour y parvenir, Elisabeth Borne vient de demander à chacun de ses ministres d’identifier des économies représentant 5% de leur budget – c’est le grand retour du rabot – tandis que Bercy mène en parallèle une revue des dépenses. En d’autre temps, on aurait parlé de rigueur ou d’austérité. Deux mots bannis du lexique gouvernemental, qu’on risque pourtant de beaucoup entendre à la rentrée.
François Vidal