Elisabeth Borne devrait envoyer en fin de semaine une lettre de cadrage budgétaire à ses ministres, très attendue par Bercy. Après des années au régime du quoi qu’il en coûte, les ministres doivent réduire leurs dépenses et faire preuve d’imagination.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Bruno Le Maire a bien du mal à instiller dans l’atmosphère la recherche d’économies. Le quoi qu’il en coûte a fait perdre tous les repères, et hormis les retraites, la copie est blanche. Les ministres de Bercy, qui visaient février, ont dû repousser leur grande revue des dépenses – la faute au conflit des retraites. La lettre de Matignon, que la Première ministre met beaucoup de temps à signer est donc guettée de près.
Au sein de la majorité, on évoque un exercice de « stress test budgétaire » qui serait demandé aux ministres : comment feriez-vous si vous deviez réduire de 5% vos dépenses ? Histoire de pousser les membres du gouvernement à faire preuve d’imagination, et d’ambition. En clair : il s’agit de se doter d’une boîte à outils, en cas de coup de grisou sur les marchés par exemple. Et d’éviter que toutes les propositions viennent de Bercy, et soient donc systématiquement combattues.
Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient déjà tenté de faire des économies à l’échelle des ministères
Mais peut-on en attendre des résultats concrets ? Ce n’est pas la première fois qu’une revue des dépenses est lancée. Nicolas Sarkozy avait fait la révision générale des politiques publiques, la fameuse « RGPP », puis François Hollande avait poussé sa « MAP » ou modernisation de l’action publique. Emmanuel Macron lui-même avait lancé Cap 22, une réforme de l’Etat dont les résultats ont déçu.
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De manière générale, c’est surtout le rabot budgétaire qui a prévalu. Sauf que celui-ci ne fonctionne plus. On l’a vu à l’hôpital et dans d’autres services publics, où c’est au contraire un réinvestissement qui apparaît nécessaire. La seule solution est donc de mener de vraies réformes, qui permettent à la fois d’améliorer la qualité de service tout en freinant, à terme, les dépenses. Avec le retour des règles européennes sur le déficit, gelées pendant le Covid, les cordes de rappel ne vont pas manquer. Il est donc urgent de remettre la question budgétaire à l’agenda.
Etienne Lefebvre