Déficit : Bruno Le Maire a-t-il raison de promettre « plusieurs milliards d’économies » pour le budget 2024 ?

Jacques Witt/SIPA

L’heure est à la réduction des dépenses publiques, affirme Bruno Le Maire. Le ministre de l’Economie a promis plusieurs milliards d’économies dans le budget 2024. Un engagement difficile à tenir.

 

Bruno Le Maire a parlé d’une France « à l’euro près »

On ne va pas se plaindre que l’exécutif s’attaque enfin au redressement des finances publiques. Les comptes sont franchement dans le rouge et Bruno Le Maire lui-même multiplie les alertes sur le sujet depuis des mois. Lors de la présentation du budget 2023, il a même parlé d’une France « à l’euro près ». Pour autant, le discours qu’il a tenu hier pose un double problème. Un problème d’ambition, d’abord. Trop limitée par rapport aux enjeux du moment. Alors que la Cour des comptes et Bruxelles pressent l’Etat de rompre avec le quoi qu’il en coûte, l’objectif affiché par l’homme fort de Bercy est de ralentir la croissance des dépenses publiques. Il espère ainsi réduire leur part de de 56,9% du PIB fin 2023 à 54% d’ici à 2027, ce qui les ramènerait à leur niveau de 2019, soit un seuil encore supérieur de 2 points environ à la moyenne européenne. Pas de quoi changer radicalement la donne.

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L’autre problème du discours de Bruno Le Maire, c’est celui de la crédibilité de son discours. Lors du précédent quinquennat, Emmanuel Macron avait déjà promis de réduire le niveau de dépense publique de 3 points de PIB. Au final, les gouvernements Philippe et Castex n’ont pas fait mieux que leurs prédécesseurs et les dépenses ont continué leur dérive. Alors bien sûr, le Covid et le quoi qu’il en coûte sont passés par là. Mais la volonté politique a clairement manqué pour au minimum rationnaliser la dépense publique. A en croire Bruno Le Maire aujourd’hui, tout aurait changé. Pour preuve, un séminaire gouvernemental se penchera sur le sujet dès le printemps. Et des pistes sont déjà esquissées. Il s’agirait de cibler les dépenses sociales, les aides aux entreprises et celles dites « brunes » c’est-à-dire les subventions aux énergies fossiles. Un programme plutôt convaincant sur le papier. Mais qui reste à traduire concrètement.

François Vidal

 

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