La France adore débattre et en parallèle du débat sur la réforme des retraites, le Sénat se penche, à partir de ce mardi, sur l’objectif « zéro artificialisation » des terres.
La France a prévu zéro artificialisation nette des sols d’ici à 2050
En France, c’est souvent un problème : une loi entraîne des polémiques. Le dossier de l’artificialisation des terres n’échappe pas à la règle. Comme partout, à cause de l’activité économique et de l’évolution démographique, on construit des maisons, des routes, des usines et des magasins. Cela entraîne la suppression des terres ou des forêts. On le sait d’ailleurs, l’étalement urbain et l’industrialisation, sont des bons facteurs économiques, mais pour ce qui est de l’environnement et de la biodiversité, c’est un autre débat. Avec la loi Climat et résilience de 2021, la France a prévu zéro artificialisation nette des sols d’ici à 2050. Mais d’abord, il faut progresser par étapes.
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Tout changement fait peur. Les élus ne sont pas contre une telle loi par principe, mais au niveau des communes, les maires veulent pouvoir attirer des usines, des magasins ou des habitants. L’Etat lui veut pouvoir lancer encore de grands projets. Pour réduire la pollution, il faut plus de trains et des gigafactories de batteries électriques. Pour cela, on a besoin d’accéder au foncier. C’est quand on passe dans le détail de la mise en œuvre que l’on se rend compte que si l’intention est louable, la mise en pratique s’annonce compliquée. Personne ne veut être le seul à subir les conséquences négatives d’une telle loi. C’est pour cela que les Sénateurs se sont emparés de ce dossier.
Dans les années 2000, l’équivalent d’un département agricole disparaissait tous les sept ans
Si l’on veut voir le verre à moitié vide, on peut dire qu’en France, cette artificialisation augmente presque 4 fois plus vite que la population. Si au contraire, on veut voir le verre à moitié plein, on peut préciser qu’au pic de l’artificialisation au début des années 2000, c’était l’équivalent d’un département agricole qui disparaissait tous les sept ans. Mais le rythme se ralentit. On est passé de plus de 30.000 hectares en moyenne par an à 20.000. On peut faire mieux. On peut faire moins. On peut aussi apprendre à réhabiliter des friches industrielles inexploitées. On peut densifier sous certaines conditions l’habitat. Mais il est difficile de faire des miracles et si l’on fait n’importe quoi, on va accélérer la désindustrialisation, faire flamber le coût de l’immobilier et on va réduire l’intensité concurrentielle. Et si les magasins savent qu’ils n’auront pas de nouveaux concurrents, ils pourront plus facilement augmenter leurs prix.
David Barroux