L’Union Européenne annonce la fin du « quoi qu’il en coûte »

Gabrielle CEZARD/SIPA

L’Union européenne siffle la fin de la récréation budgétaire en Europe. D’ici au 1er janvier 2024, les Etats membres sont appelés à ramener leurs déficits dans les clous. Une très mauvaise nouvelle pour les pays les plus dépensiers.

 

Pas question de laisser la politique du carnet de chèques se poursuivre

Parmi les pays les plus dépensiers, la France est en bonne position. Le déficit budgétaire est attendu à 5% du PIB cette année et autour de 4,5% en 2024. Et encore, ces prévisions, qui n’ont rien de glorieux, ont été établies sur la base d’un rythme de croissance et de fondamentaux économiques valables dans le monde d’avant la guerre en Ukraine, mais désormais obsolètes. Ce qui signifie que nos comptes seront sans doute encore plus dégradés, comme l’affirme le rapport de la Cour des comptes publié ce matin. Alors, la Commission ne demande pas un retour express vers les 3% de déficit. Etant donné le contexte, elle laisse un peu de temps aux Etats pour redresser la barre. Mais dès le printemps 2024, ses services sanctionneront ceux qui ne présenteront pas une stratégie crédible de redressement des comptes.

 

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Un nouveau pacte de stabilité, moins strict que les critères de Maastricht, est en cours d’élaboration. N’aurait-il pas mieux valu attendre ces nouvelles règles pour renouer avec la discipline budgétaire ? Bruxelles assure que son action s’inscrira immédiatement dans la philosophie de ce futur cadre, qui, rappelons-le, doit permettre à chaque Etat de tracer sa propre trajectoire d’assainissement budgétaire. Mais elle entend en revanche se monter intraitable avec les capitales qui laisseront filer leurs dépenses courantes. C’est en fait le principal objectif du serrage de vis qui vient d’être annoncé. La pandémie est derrière nous, les taux d’intérêt augmentent, pas question de laisser la politique du carnet de chèques se poursuivre. Il faut changer de logiciel budgétaire et consacrer un maximum d’argent public aux investissements d’avenir. Une feuille de route en phase avec les défis que doit relever l’Europe, mais que la France avec ses lourds déficits, sa dette XXL et sa culture de l’Etat-nounou risque d’avoir beaucoup de mal à respecter.

François Vidal

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