Guerre en Ukraine : Un an après, quelles sont les conséquences pour les entreprises françaises en Russie ?

Alexander Shcherbak/TASS/Sipa US/SIPA

Un an après la guerre en Ukraine, revenons sur ce qui a changé de façon durable pour les entreprises.

 

Pour Renault, Total et la Société Générale, la retraite de Russie s’avère lourde

Le premier choc pour les entreprises a été de comprendre que la guerre n’avait pas disparu. Si l’on n’a jamais été en paix totale, avec la guerre froide par exemple, les conflits touchaient le plus souvent des pays en voie de développement. Là, la guerre est chez nous et la première conséquence est que la Russie – qui était à la fois un vrai marché un et un vrai fournisseur – s’est pratiquement fermée du jour au lendemain. Pour certains qui exportaient, qui ne produisaient pas et vendaient finalement peu sur place, la perte de revenus est limitée. Mais pour Renault, qui a dû brader le premier constructeur russe, pour la Société Générale qui a dû revendre – et pas au meilleur prix – une grande banque, pour Total qui ne peut plus investir dans des projets prometteurs, la retraite de Russie est beaucoup plus lourde. Et puis il y a ceux comme Danone, Bonduelle et Sanofi qui n’arrivent pas à partir complétement parce que ces groupes ont des usines et une forme de responsabilité, ou encore parce qu’ils ont du mal à trouver des repreneurs pour leurs sites de production. Ceux qui ont encore plus de mal, parce qu’ils ont beaucoup d’actifs et une vraie activité là-bas, sont Leroy Merlin et Yves Rocher. Pour ces entreprises, ce conflit est un vrai drame.

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Les conséquences sont-elles relativement limitées pour nos entreprises ? Si l’on regarde les conséquences directes, oui parce que le marché russe est relativement petit. Mais il y a aussi l’effet indirect. La guerre en Ukraine a provoqué une flambée des prix de l’énergie et de certaines matières premières. Le conflit a nourri l’inflation et aujourd’hui, nous sommes dans une spirale : celle de la hausse des produits et des salaires et pas seulement du prix de l’électricité. Une hausse des prix qui touche de plus en plus de secteurs et qui n’a peut-être pas fini de prendre de l’ampleur.

La guerre en Ukraine annonce une inflation durable

Mais alors, sur le long terme, qu’est-ce que ce conflit va laisser comme traces ? Déjà la guerre n’est pas terminée. Et l’on se dit que l’on a appris à encaisser le choc et à surmonter les difficultés, que 2023 ne pourra pas être pire que 2022. C’est probable. Mais ce n’est pas certain. Ensuite, ce conflit annonce le retour de l’inflation qui va durer. C’est le signe, après le Covid et la montée des tensions géopolitiques entre la Chine et les Etats-Unis, que l’on va aussi sortir d’une forme de progrès continu de la mondialisation.

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En fait, nous avons basculé d’un monde qui était relativement prévisible, à une forme de brouillard. C’est sans compter la révolution technologique qui rebat les cartes dans beaucoup de domaines. Cela annonce un monde sans doute plus complexe avec beaucoup d’opportunités, mais aussi plus de risques. Et l’un des héritages de cette guerre est d’apprendre que : diriger une entreprise devient aussi de plus en plus difficile.

David Barroux

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