Après un an de guerre et de sanctions économiques, le bilan est meilleur que prévu. Alors, comment expliquer cette robustesse que personne n’avait vu venir ?
La Chine et l’Inde ont déjà remplacé les Européens comme acheteurs de premier rang du gaz et du pétrole russe
L’effondrement rapide que nous promettaient les grands instituts de prévision, n’a pas eu lieu. L’économie russe n’a pas échappé à la récession l’an dernier, mais avec un recul limité officiellement à 2% du PIB, elle affiche une résistance inattendue. Alors, comme expliquer cette robustesse que personne n’avait vu venir ? C’est d’abord, le reflet de l’effort de guerre consenti par Moscou depuis le début des hostilités. La fabrication intensive d’armes et de munitions a mécaniquement soutenu la production industrielle du pays. En devenant une économie de guerre, l’économie russe a compensé les premiers effets des sanctions occidentales sur ses échanges avec le reste du monde. La seconde raison de cette résistance inattendue, il faut la chercher chez nous. En achetant à prix d’or du gaz et du pétrole russe pendant une bonne partie de l’année, nous avons rempli les caisses du Kremlin comme jamais. De quoi donner à Vladimir Poutine, les moyens de financer sa guerre.
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Maintenant que les embargos sur le pétrole et le gaz russes sont enfin effectifs, l’impact des sanctions devrait tout de même commencer à se faire sentir. Dans son bras de fer économique avec l’Occident, Moscou a sans doute mangé son pain blanc. Mais le maître du Kremlin est loin d’être aux abois. Car si les recettes tirées de ses ventes d’hydrocarbures vont beaucoup baisser cette année, elles ne vont pas se tarir pour autant. La Chine et l’Inde ont déjà remplacé les Européens comme acheteurs de premier rang du gaz et du pétrole russe. A un prix décoté certes, autour de 50 dollars le baril pour le pétrole, mais suffisant pour poursuivre le conflit. Côté militaire aussi, la parade a été trouvée face à l’embargo sur les importations russes de matériels technologiques. Grâce à la Chine encore, qui vend à Moscou des technologies dites duales, à la fois civiles et militaires. Preuve qu’avec la guerre en Ukraine la géopolitique redessine à grande vitesse et sans doute pour longtemps, les routes de la mondialisation.
François Vidal