Livraisons de chars à l’Ukraine : « N’ayons pas peur » de Poutine, lance le général Trinquand

Ilya Pitalev/SPUTNIK/SIPA

Le général Dominique Trinquand était l’invité de la matinale de Radio Classique, ce vendredi 20 janvier. L’ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU plaide pour que les alliés livrent des chars lourds à l’Ukraine. Il estime qu’une 3ème offensive est nécessaire pour briser la défense russe.

 

L’Allemagne doit donner son feu vert à une livraison des chars Leopard à l’Ukraine

Les alliés de l’Ukraine hésitent à livrer des chars lourds à Kiev. La question devrait être tranchée lors d’une réunion cruciale des principaux membres de l’Otan aujourd’hui à Ramstein en Allemagne. Le feu vert allemand est indispensable pour d’éventuelles livraisons, a détaillé le général Triquand : « Le pays d’origine de l’armement létal [en l’occurrence ces chars Leopard fabriqués en Allemagne NDR] a fixé des conditions, notamment celle de toujours donner son autorisation pour de futures ventes ». Les Finlandais, les Polonais, les Espagnols qui possèdent 1.200 chars Léopard attendent le blanc-seing de l’Allemagne. Pour ce qui est de la France, qui en possède 222, le militaire assure qu’on ne peut pas les donner : « on en a besoin, sinon on ne respecte pas notre contrat et le niveau d’engagement ».

 

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« Poutine est le fauteur de la guerre. Il doit comprendre qu’il n’est pas en situation de force », affirme Dominique Trinquand

Si l’Allemagne n’a pas encore donné sa réponse, c’est que le pays est gouverné par une coalition, souligne Dominique Trinquand : « il faut convaincre la population allemande qui est traversée par un fort courant pacifiste depuis 1945 ». Il y a une dimension psychologique, note le général qui pointe aussi « le grand absent dans cette discussion », les Américains, dont il déplore la trop grande prudence. Or « ils ont des chars M1 Abrams et des stocks sur la base de Ramstein, ils pourraient [les livrer] aujourd’hui ». Il appelle les occidentaux à ne pas redouter la réaction du président russe : « A chaque fois, on se demande ce que va dire Vladimir Poutine. N’ayons pas peur, Poutine est le fauteur de la guerre. Il doit comprendre qu’il n’est pas en situation de force, elle est avec l’Ukraine grâce à ses alliés ». Le général insiste sur ce que pourrait représenter la victoire pour l’Ukraine : « retrouver les frontières internationales », autrement dit reprendre la Crimée, annexée par la Russie en 2014. « Cela ne me paraît pas complètement aberrant. Il faut monter une offensive sérieuse et forte, avec 200 ou 300 chars pour briser la défense russe installée depuis la chute de Kherson le 15 novembre. Ce sera une guerre longue », assure le général.

Béatrice Mouedine

 

 

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