Guerre en Ukraine : Bernard-Henri Lévy assure que reprendre la Crimée est « militairement possible »

ISA HARSIN/SIPA

Bernard-Henri Lévy, écrivain et réalisateur de films en Ukraine, était l’invité de Guillaume Durand ce matin sur Radio Classique. Il appelle à poursuivre le soutien à l’Ukraine, qui est en capacité de renverser entièrement l’armée russe selon lui.

Kherson, où il s’est rendu, a vécu une « libération triste »

Bernard-Henri Lévy travaille en ce moment à la réalisation d’un deuxième film en Ukraine, après la sortie en juin dernier de Pourquoi l’Ukraine, œuvre « subjective » tournée aux plus proches de l’armée et des civils. Très engagé contre Vladimir Poutine, l’écrivain affirme que le chef du Kremlin est un « danger pour l’ensemble de l’Europe et la paix du monde ». « C’est notre guerre », poursuit-il, et ceux qui pensent l’inverse « vont un jour se réveiller avec la gueule de bois » d’après l’invité, réputé pour ses opinions interventionnistes. Envoyé spécial à Kharkiv en septembre avec Paris Match, il suit de près la situation à Kherson, où l’occupant russe a été repoussé il y a quelques semaines, dans une « libération triste ». « La ville est dans un état de dévastation absolu » et vit encore sous les bombardements, rapporte-t-il. De plus, les snipers russes continuent à tirer sur les civils selon lui. « C’est un peu la victoire en pleurant ».

A lire aussi

 

 

« L’immense majorité » des Ukrainiens veulent récupérer la Crimée, défend-il

L’écrivain ne croit pas en l’existence d’un « général Hiver » [un hiver très rude qui empêcherait toute progression militaire, comme en URSS en 1942/1943]. Les chars peuvent continuer à circuler des deux côtés même avec le gel, pointe-t-il, mais la boue pourrait compliquer les choses. Bernard-Henri Lévy n’imagine pas non plus le retour d’un « affrontement à la loyale » car l’armée russe serait actuellement à court de munitions et « au bord de l’effondrement ». Cela se constate, d’après lui, aux échanges de missiles : « quand les Ukrainiens tirent, les Russes répliquent une fois sur quatre et avec une imprécision désastreuse ». D’où le ciblage stratégique des infrastructures énergétiques ukrainiennes et la poursuite des bombardements des villes à distance.

A lire aussi

 

 

 

Les Ukrainiens gardent une « détermination sans faille » et « maîtrisent totalement » les armements livrés par l’Occident, assure-t-il. Russophone ou non, « l’immense majorité » du pays serait contre l’invasion russe et souhaiterait le retour aux frontières de 2014 [avant l’annexion de la Crimée]. Récupérer ce territoire perdu serait même « militairement possible », affirme l’écrivain. Il salue les positions d’Emmanuel Macron et de Joe Biden, ensembles en ce moment à Washington et prêts, selon lui, à soutenir Volodymyr Zelensky « à 100% », malgré une « fatigue des opinions publiques ». La « catastrophe », poursuit-il, serait de revivre les accords de Dayton, qui avaient mis fin à la guerre de Bosnie-Herzégovine en 1995. Un parallèle qu’il justifie ainsi : à l’époque, les Bosniaques, « au bord de l’emporter définitivement contre l’agresseur serbe, avaient été stoppés en plein vol par les Etats-Unis [afin de négocier un armistice] ».

Clément Kasser

Retrouvez les articles liés à l’actualité internationale