Qatar : L’interdiction de porter un brassard LGBT est de la « censure », dénonce l’ancien footballeur Olivier Rouyer

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L’attitude de la FIFA vis-à-vis des droits des homosexuels est une « honte » selon Olivier Rouyer, ancien membre des Bleus et chroniqueur à L’Equipe. Il salue les gestes politiques et contestataires osés par les équipes de football au Qatar.

Olivier Rouyer regrette qu’aucun politique n’ait protesté au moment de l’attribution du mondial au Qatar

Olivier Rouyer, ancien international de football, espère que la Coupe du Monde sera l’occasion de projeter un nouveau regard sur le monde arabe, « mais aussi que les Qataris puissent, au contact des pays invités, écouter et avancer ». En amont de la compétition, plusieurs pays occidentaux avaient montré leur défiance vis-à-vis du régime qatari, comme le Danemark ou l’Australie. L’ancien footballeur s’interroge sur le silence des pays « il y a 10 ou 12 ans », quand le Qatar a été désigné comme pays organisateur. « Tout le monde s’est laissé aller, c’est passé comme une lettre à la poste », dénonce-t-il. Aucun politique n’est « monté au créneau » selon lui. Questionné sur les accusations de corruption systémique au sein de la FIFA, Olivier Rouyer les nie mais reconnaît des « situations un peu ambiguës ».

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L’ancien membre des Bleus avait participé au Mondial 1978 en Argentine, qui s’était déroulée sous le joug de la dictature militaire. Il se rappelle d’une « présence policière » et d’une atmosphère « agressive ». Cependant, les athlètes restaient assez concentrés sur leur compétition, témoigne-t-il : « les sujets [internes au pays hôte], vous les laissez un peu de côté ».

Plusieurs gestes contestataires ont émaillé le début de la compétition

Lundi, la FIFA a menacé de sanctions sportives les équipes munies d’un brassard arc-en-ciel « One Love » en soutien à la communauté LGBT. Une attitude « honteuse » selon Olivier Rouyer, qui a révélé  publiquement son homosexualité dans un entretien à L’Equipe en 2008. « C’est de la censure […] on décide d’oublier des tas de jeunes et de les mettre sur le côté », s’énerve-t-il. Il dénonce aussi l’hypocrise du président de la FIFA Gianni Infantino, qui, 2 jours auparavant, « s’est vanté qu’il était gay, qatari, travailleur migrant » [dans un discours critiquant les leçons de morale des Occidentaux à l’égard du Qatar]. Olivier Rouyer s’est ému de plusieurs gestes forts en ce début de compétition : hier, les Iraniens n’ont pas chanté leur hymne, « un truc de dingue » selon lui. Les Anglais ont aussi posé le genou à terre contre le racisme et les violences policières, « ce qui est très bien ». En revanche, il regrette qu’une « chape de béton » soit toujours présente en ce qui concerne l’homosexualité. « J’ai l’impression que ça fait encore peur à tout le monde alors que nous sommes en 2022 ! », s’offusque-t-il.

Clément Kasser

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